Écrivez le prochain chapitre sur l'art au Canada

L’Institute de l’art canadien est fier de soutenir les voix critiques émergent·es dans le domaine de l’histoire de l’art et d’encourager de nouvelles perspectives sur l’art canadien. Les projets passés développés dans le cadre des éditions précédentes de notre programme de bourses ont exploré divers sujets, allant des œuvres photographiques de William « Billy » Beal (1874-1968) aux performances transgressives du collectif artistique lesbien Kiss & Tell (actif de 1988 à 2002) basé à Vancouver, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de notre culture visuelle.

Kristen Hutchinson sur le collectif Kiss & Tell

Gauche : Kristen Hutchinson. Droite : Kiss & Tell, Drawing the Line (Tracer la ligne), détail, 1990, photographie. Avec l’aimable autorisation de Kiss & Tell.

 

Où se situe la limite, et donc où tracer la ligne, entre la censure et la liberté d’expression? Entre la représentation et l’exploitation? Entre l’art et la pornographie? Dans les années 1990, l’avant-gardiste collectif d’artistes de Vancouver Kiss & Tell a soulevé ces questions provocantes dans l’exposition photographique révolutionnaire Drawing the Line (Tracer la ligne) consacrée à la sexualité lesbienne, qui définit le genre. Avec ses images radicales de femmes s’adonnant à diverses activités érotiques – de baisers échangés au bondage en passant par le voyeurisme – le collectif, composé des membres Persimmon Blackbridge, Lizard Jones et Susan Stewart, a non seulement attiré l’attention sur le manque de représentation des lesbiennes dans l’art canadien, mais a également utilisé la culture visuelle pour aborder des questions très controversées au sein de la communauté queer. Les recherches de Kristen Hutchinson portent sur la manière dont Kiss & Tell a créé des œuvres et des espaces permettant aux femmes de se voir représentées dans l’art à travers un regard féminin queer. Titulaire d’un doctorat en histoire de l’art obtenu à l’University College de Londres en 2007, Kristen Hutchinson est professeure associée en histoire de l’art et en études sur les femmes et le genre.

 

Pour en savoir plus, consultez l’ouvrage de Kristen Hutchinson intitulé Kiss & Tell : art et activisme lesbiens (publié en juin 2025).

 

Jennifer Bowen sur l’artiste Cri et Métis de la modernité Don Cardinal

Gauche : Jennifer Bowen. Droite : Don Cardinal, The Berry Pickers (Les cueilleurs de baies), détail, 1978, acrylique sur toile, 55,8 x 76 x 6 cm. Collection du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles, Yellowknife (978.055.006). Avec l’aimable autorisation du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles.

 

Pour Jennifer Bowen, qui a grandi à Yellowknife, Don Cardinal (1944-1985) était un peintre prolifique au cœur d’une scène artistique florissante. Pourtant, le nom de l’inépuisable artiste, créateur d’une imagerie moderne de la vie autochtone de la seconde moitié du vingtième siècle, dans sa communauté de Hay River, dans les Territoires-du-Nord-Ouest – telle que cette représentation tranquille de deux cueilleurs de baies marchant ensemble le long d’un chemin bordé de forêt – demeure largement méconnu. Dans ses recherches, Bowen se penche sur le style unique de Cardinal qui présente une nouvelle manière de voir. Son art combine une approche impressionniste – à laquelle il a été exposé au pensionnat – et une conception autochtone du paysage. Comme l’explique Bowen, « si vous êtes du Nord ou si vous avez vécu dans le Nord, vous savez qu’il s’agit d’une image nordique rien qu’à l’horizon créé ». Grâce à Cardinal, Bowen retrace les racines de l’art autochtone contemporain et explore la transformation de l’art traditionnel en une expression contemporaine. Jennifer Bowen est originaire des Territoires du Nord-Ouest, elle est membre de la Première Nation des Dénés Yellowknives, et elle est étudiante au doctorat à l’Université de Victoria.

 

À paraître prochainement : Don Cardinal : Sa vie et son œuvre par Jennifer Bowen.

 

Alyssa Fearon sur la vie et l’œuvre de William « Billy » Beal

Gauche : Alyssa Fearon. Droite : William S. A. Beal, A Group of Thunder Hill, Man., Suffragettes Pose for Billy Beal’s Camera (Un groupe de Thunder Hill, Man., les suffragettes posent pour l’appareil de Billy Beal), détail, v.1915, photographie. Avec l’aimable autorisation de Robert Barrow.

 

En 1906, le photographe noir William « Billy » Beal (1874-1968), né au Massachusetts, s’est rendu au Manitoba en réponse à l’appel du gouvernement canadien pour accroître la colonisation dans les Prairies, et en faisant fi de sa préférence explicite pour les immigrants blancs, de Grande-Bretagne ou des États-Unis. Malgré les politiques ouvertement racistes du pays – dont la loi de 1911 interdisant l’immigration aux personnes noires – Beal s’est établi dans un Manitoba rural et a commencé à documenter la vie à la ferme et à créer des portraits magistraux. Ses images constituent un puissant récit de sa communauté et reflètent son engagement dans les questions clés de son époque. Les recherches d’Alyssa Fearon portent sur l’importance des archives photographiques remarquables constituées par Beal et considèrent son œuvre sous l’angle de la vie des Noir·es dans le Canada du début des années 1900. Directrice et conservatrice à la Dunlop Art Gallery, à Regina, Alyssa Fearon est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de la Schulich School of Business et d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université York.

 

À venir : un essai critique et un guide pédagogique sur la vie des noirs dans les Prairies canadiennes par Alyssa Fearon.

 

Sandrena Raymond sur les liens entre les mondes de p.Mansaram

Gauche : Sandrena Raymond. Droite : P.Mansaram, It’s Hard to Give (Difficile à donner), détail, 1969, techniques mixtes sur contreplaqué. Mention de source : Sandrena Raymond.

 

Étendue sur sept décennies, la carrière innovante de l’artiste canadien d’origine indienne Panchal Mansaram (1934-2020) – qui a stylisé son nom pour P.Mansaram – venait tout juste d’être portée à l’attention du public à l’échelle nationale lorsqu’il est décédé en 2020. Après s’être établi au Canada en 1966, précisément à Burlington, en Ontario, sa pratique artistique a évolué vers la création de collages en techniques mixtes portant sur les thèmes de la migration, l’identité culturelle et la spiritualité. Ses œuvres riches en couleurs, dont Hard to Give (Difficile à donner), 1969, portent sur la vie quotidienne au Canada et en Inde; souvent, elles rassemblent des images et des textes des deux pays. Dans ses recherches, Sandrena Raymond se concentre sur le rôle de P.Mansaram en tant qu’artiste cosmopolite qui, à la fin du vingtième siècle, jette un pont entre les mondes de son pays natal et de son pays d’adoption pour composer une image de la vie des Asiatiques du Sud-Est dans un Canada multiculturel. Sandrena Raymond a travaillé avec le Musée royal de l’Ontario pour inventorier l’œuvre de P.Mansaram avant l’acquisition historique de plus de 700 de ses pièces par l’institution, de 2014 à 2017. Elle est titulaire d’un doctorat et d’une maîtrise en information, ainsi que d’une maîtrise en études muséales de l’Université de Toronto.

 

Jennifer Orpana sur la vie et l’œuvre de Violet Keene Perinchief

Gauche : Jennifer Orpana. Droite : Violet Keene Perinchief, A Modern Miss (Une demoiselle moderne), v.1940, photographie. © Succession Violet Keene Perinchief. Avec l’aimable autorisation de la Stephen Bulger Gallery, Toronto.

 

Les contributions culturelles de la photographe canadienne d’origine anglaise Violet Keene Perinchief (1893-1987) n’ont pas été largement étudiées, sauf en relation avec le travail de sa mère, la célèbre photographe Minna Keene (1861-1943). Photographe portraitiste accomplie, Violet Keene a dirigé deux studios torontois très actifs dans les années 1930 et 1940, à une époque où les femmes faisaient rarement carrière en tant qu’artistes professionnelles. Ses portraits représentent un large éventail de sujets, notamment des familles, des débutantes, des mariées et des personnages historiques importants tels que l’aviatrice Amelia Earhart et l’écrivain Aldous Huxley. Jennifer Orpana explorera le rôle formidable joué par l’artiste dans l’histoire de la photographie à Toronto en examinant le vaste portfolio de Keene et en étudiant la manière dont son travail reflète les diverses idées sur la féminité qui se sont manifestées, en privé et en public, pendant l’entre-deux-guerres. Les recherches d’Orpana porteront sur ce que les images de Keene – et sa carrière – peuvent révéler sur les rôles changeants et nuancés des femmes en tant que consommatrices, professionnelles, sujets photographiques et artistes dans le Canada de l’époque. Docteure en histoire de l’art, historienne de la photographie et conférencière, Orpana a enseigné à l’Université métropolitaine de Toronto, à l’Université de Toronto, à l’Université OCAD, à l’Université Western et à l’Université Brock.

 

Tamara Toledo sur les femmes artistes latino-Américaines au Canada

Gauche : Tamara Toledo. Droite : Helena Martin Franco, Altero(s)Filia o los Juegos de Fuerza de Fritta Caro, Meter el Hombro (Altéro(s)philie ou les jeux de force de Fritta Caro, mettre l’épaule), 2018, documentation de la performance. Avec l’aimable autorisation d’Helena Martin Franco.

 

Au Canada, les artistes de la diaspora latino-américaine, aux prises avec un récit de colonisation essentiellement blanc, ont eu du mal à être considéré·es dans le discours artistique dominant, en particulier lorsque leurs pratiques artistiques sont perçues comme radicales ou résistantes. Selon Tamara Toledo, une universitaire et commissaire née au Chili et établie à Toronto, ce manque de représentation expose le mythe du multiculturalisme; les œuvres de ces artistes n’ont pas été partagées, recueillies, théorisées ou archivées, bien qu’elles soient dignes d’attention. Le projet de Toledo retrace les pratiques de trois artistes contemporaines latino-américaines issues des diasporas colombienne et mexicaine : Claudia Bernal, Maria Ezcurra et Helena Martin Franco. Toutes trois s’appuient sur la présence et l’absence du corps féminin dans leurs installations et leurs performances pour critiquer les facteurs qui déterminent l’inclusion dans un canon historiquement exclusif. Dans le cadre de ses recherches, Toledo examinera l’impact transformateur généré par les artistes latino-américains sur les milieux artistiques contemporains au Canada. Toledo est directrice et conservatrice de la Sur Gallery, la première galerie torontoise consacrée aux pratiques artistiques diasporiques et latino-américaines. Elle est également cofondatrice de l’organisation à but non lucratif Latin American Canadian Art Projects, en plus d’être candidate au doctorat en histoire de l’art et culture visuelle à l’Université York.

 

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