La section sur les animaux dans le Codex canadensis, du missionnaire jésuite documentant le Canada du XVIIe siècle, Louis Nicolas (1634-après 1700), s’ouvre sur une extraordinaire représentation d’un tigre et d’une licorne mythologique. Nicolas était persuadé de l’existence des licornes et prétendait en avoir vue une tuée au Canada. Pourtant, il savait bien que ni le tigre ni la licorne n’étaient issus du Nouveau Monde. Pourquoi introduire ces animaux dans un album sur la Nouvelle-France?

 

Louis Nicolas, Unicorn of the Red Sea (Licorne de La mer rouge), n.d.

Louis Nicolas, Licorne de la mer rouge, s.d., encre sur papier, 33,7 x 21,6 cm

Codex canadensis, page 27, Gilcrease Museum, Tulsa, Oklahoma

Il est toutefois assez paradoxal, comme le fait Nicolas, de prendre la licorne pour exemple de la primauté de l’observation directe sur l’information purement livresque! Elle suffirait à confondre « les gens de cabinet » qui ne croient pas à l’existence des licornes simplement pour n’avoir jamais perdu de vue le clocher de leur paroisse. Il écrit, en effet, ce qui suit dans son Histoire naturelle des Indes occidentales : 
 

« Je ne sçay que dire de l’effroyable erreur qui c’et glissée parmy même force gens de cabinet qui d’ailleurs sont fort sçavans : mais qui n’ayant rien veu des choses admirables que la nature produit par ce qu’ils n’ont jamais perdu de veue le clocher de leur paroisse, et qui ne sçavent presque pas sans demander, le chemin de la place Mauber ou de la place royalle, ces sortes de personnes, dis je, s’attachent avec une opiniatreté Blamable a dire qu’il ny a point De licorne en aucun endroit du monde. »

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Louis Nicolas : sa vie et son œuvre par François-Marc Gagnon.

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