Le gigantesque diptyque de l’artiste montréalaise Françoise Sullivan (née en 1923) englobe le spectateur dans ses nuances de rouge et d’orangé. Les variations dans la densité du pigment produisent des vagues rythmiques et l’illusion d’une surface qui respire. Le panneau de gauche, dans les nuances de rouge, est peint de coups de pinceau qui s’entrecroisent, produisant un effet de profondeur et de vibrations superposées. La lumière semble émaner de l’œuvre. Le panneau de droite est travaillé de traces rouges et orangées. L’effet dramatique de l’œuvre provient de sa composition laissant voir des bandes horizontales de couleur légèrement plus claire que le reste. Une œuvre monochrome comme celle-ci est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît au premier regard; elle nécessite, de la part de l’artiste, une grande maîtrise de la technique et de la couleur pour produire ces effets si insaisissables.

 

Françoise Sullivan, Hommage à Paterson, 2003
Acrylique sur toile (diptyque), 348 x 574 cm, collection de l’artiste

Cette œuvre est la réalisation phare d’une série de monochromes intitulée Hommages que Sullivan réalise en 2002-2003, qui a été exposée à la rétrospective du Musée des beaux-arts de Montréal de 2003 et qui est emblématique de sa peinture au tournant du vingtième siècle. Plusieurs de ses amis artistes qui l’avaient inspirée venaient récemment de décéder : le peintre et sculpteur Ulysse Comtois est mort en 1999, la peintre automatiste Marcelle Ferron, en 2001, et son ancien mari, le peintre Paterson Ewen, en 2002. Sa pensée allait souvent vers eux alors qu’elle peignait et elle a donc décidé de nommer un monochrome de sa série d’après chacun de ses amis. Elle dédie la meilleure et la plus grande à Ewen « parce qu’il était le plus grand de tous les peintres. »

 

Cette rubrique en vedette est tirée de l’ouvrage Françoise Sullivan : sa vie et son œuvre écrit par Annie Gérin.

 

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