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Village haïda 1958-1962

Village haïda, 1958-1962

Bill Reid, Haida Village (Village haïda), 1958-1962
Cèdre et peinture
Photographie d’Adelaide de Menil, 1966

Construit de 1958 à 1962, Village haïda de l’Université de la Colombie-Britannique constitue aujourd’hui un étalage impressionnant de mâts de style haïda sculptés par Bill Reid avec l’aide de l’artiste kwakwaka’wakw Doug Cranmer (1927-2006). Il s’agit d’une installation immersive qui, lors de son lancement et de son exécution, visait à reconstituer certains éléments d’un authentique village haïda du dix-neuvième siècle, et ce, en s’appuyant sur l’étude et l’ensemble des restes des sites de villages historiques à Haida Gwaii. Village haïda comprend une grande habitation familiale, une plus petite chambre funéraire ainsi que des exemples de mâts intérieurs, de façade et mortuaires. D’abord installé au Totem Park, à l’extrémité ouest du campus de l’Université de la Colombie-Britannique, il est déplacé en 1978 pour être près du Musée d’anthropologie qui vient d’être construit et qui ouvre ses portes en 1980. En 2000, le House Frontal Pole (Mât de façade de maison) de Reid est déplacé à l’intérieur par souci de conservation et est remplacé par le Respect to Bill Reid Pole (Mât en hommage à Bill Reid), sculpté par Jim Hart (7idansuu, né en1952).

 

Haida House (Maison haïda), 1958-1962, au Musée d’anthropologie de l’Université de la Colombie-Britannique, Vancouver, 2020, photographie de Cory Dawson. Aujourd’hui, le Haida Village (Village haïda) est connu comme la Maison haïda.

En 1954 et en 1957, Reid participe à des expéditions de récupération pour des musées provinciaux sur les sites haïdas historiques de T’aanuu (T’aanuu Llnagaay), Skedans (K’uuna Llnagaay) et Ninstints (Nans Dins, SGang Gwaay Llnagaay). Certains de ces endroits deviennent des modèles sur lesquels les nouvelles œuvres du Village haïda sont basées. Étant donné son expérience limitée, à l’époque, de la sculpture de mâts, Reid considère qu’Harry Hawthorn (1910-2006) pose un « acte de foi extraordinaire » en 1958 quand il l’invite à travailler sur les mâts de la collection de l’Université de la Colombie-Britannique. Il est alors enchanté de quitter son poste à la CBC et se réjouit à l’idée d’être « hors du temps dans une sorte d’environnement isolé où nous jouons aux Haïdas du dix-neuvième siècle ».

 

Au départ, Hawthorn a l’intention de demander à Reid de restaurer les anciens mâts, mais il détermine rapidement que sculpter de nouveaux mâts, en se basant sur ceux qui ont été recueillis, est plus logique. Reid et Cranmer sculptent d’abord le mât de façade de la plus petite chambre mortuaire. Reid cherche à reproduire avec exactitude un mât recueilli à Ninstints, dont les détails sont extraordinairement bien conservés et sculptés de façon exquise. Il expérimente différentes méthodes de planification de l’agencement et de transfert des anciennes formes sur le nouveau mât : il fait des esquisses, crée des modèles en papier, augmente graduellement l’échelle de modèles en argile et en prépare d’autres grandeur nature, lesquels sont vite abandonnés quand la forme du mât change avec la progression de la sculpture. Finalement, Reid sculpte le côté droit du mât pendant que Cranmer reproduit les formes du côté gauche. Pour Reid, « Chaque mât comprend l’esprit essentiel de l’individu ou de la famille qu’il commémore, de même que l’esprit de l’artiste l’ayant fabriqué et, par extension, l’essence vivante de tous les gens ».

 

Les trois années et demie que Reid passe à concevoir et à construire Village haïda lui procurent une sorte de formation d’apprenti, où l’enseignement lui est transmis par son temps, son travail et la proximité avec les créations des maîtres sculpteurs de l’histoire haïda.

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