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Intérieur, rue du Fort, Montréal [#1] 1951

Paterson Ewen, Intérieur, rue du Fort, Montréal [#1], 1951

Paterson Ewen, Interior, Fort Street, Montreal [#1] (Intérieur, rue du Fort, Montréal [#1]) , 1951
Huile sur carton entoilé, 50,4 x 40,4 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Les premières œuvres de Paterson Ewen montrent l’influence tant de l’art figuratif que de l’abstraction, et Intérieur, rue du Fort, Montréal [#1] en est un excellent exemple. Tout comme l’artiste postimpressionniste nabi Pierre Bonnard (1867-1947) dans Intérieur avec des fleurs, 1919, Ewen compose une nature morte aux couleurs vives qui présente des surfaces planes et une forme tridimensionnelle, aboutissant à des zones où la profondeur spatiale est illisible, indéterminée, comme la table et ce qui se cache derrière.

 

Figure 2, 1949, by Fernand Leduc
Fernand Leduc, Figure 2, 1949, huile sur carton, 51,3 x 66,7 cm, Musée d’art contemporain de Montréal.

Parallèlement, la facture animée et la couleur de l’arrière-plan semblent faire allusion aux œuvres de l’automatiste Fernand Leduc (1916-2014), Composition et Figure 2, toutes deux de 1949, et l’utilisation du vert et du rouge rappelle Parachutes végétaux (19.47), 1947, de Paul-Émile Borduas (1905-1960). L’œuvre d’Ewen créé un sentiment accablant de claustrophobie généré par l’absence de définition claire de la forme et de l’espace. Il en résulte une surface plate, richement colorée et décorative, qui conserve à peine les traces de son sujet. À propos de cette image Ewen confie : « J’essayais de trouver une justification dans une composition toujours plus serrée, mais le réalisme de la scène était alors perdu. »

 

Ewen se retrouve dans une position inusitée quand il peint cette image. Il avait commencé sa carrière en peignant des paysages dans le style de James Wilson Morrice (1865-1924), dont il a souvent vu les œuvres au Musée des beaux-arts de Montréal, et Goodridge Roberts (1904-1974), son professeur de peinture à l’époque. Il s’inspire également du travail de Paul Cézanne (1839-1906) et de Bonnard.  Comme Ewen l’explique : « J’ai été un peintre figuratif classique, influencé par les postimpressionnistes pendant mes huit premières années de travail. »  En 1949, il rencontre Françoise Sullivan (née en 1923) et s’initie rapidement aux œuvres abstraites et aux idées surréalistes des Automatistes. Contrairement à beaucoup d’artistes montréalais de l’époque, Ewen fait le pont entre ces deux communautés distinctes — les peintres figuratifs anglais et les abstractionnistes français — et son œuvre témoigne d’un dialogue entre ces deux influences. 

 

Le peintre automatiste Pierre Gauvreau (1922-2011) admire l’œuvre primitive d’Ewen, y compris cette peinture, pour « sa façon brutale de peindre, sans théorie, et à l’envers de presque tout, y compris le bon goût. »

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