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Lever de lune en septembre 1899

Lever de lune en septembre, 1899

William Brymner, Early Moonrise in September (Lever de lune en septembre), 1899
Huile sur toile, 74,2 x 102,1 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Lever de lune en septembre, 1899, est un paysage qui dépeint la lune se levant derrière un bouquet d’arbres alors qu’un troupeau de moutons paît à proximité. En 1897, Brymner se rend à Beaupré, au Québec, avec deux autres artistes canadiens : le peintre d’origine française Edmond Dyonnet (1859-1954) et le paysagiste Maurice Cullen (1866-1934). C’est à cette occasion qu’il commence à travailler sur cette œuvre. Une petite esquisse à l’huile a été conservée, qui a peut-être été peinte en plein air pendant la visite. Le tableau lui-même a très probablement été achevé à Montréal et n’a été exposé qu’en 1899.

 

William Brymner, Early Moonrise in September (Lever de lune en septembre), 1896-1897, huile sur panneau, 15,5 x 24,4 cm, Musée des beaux-arts de Montréal.

Le contraste entre l’esquisse et l’œuvre achevée témoigne de la manière dont la composition a évolué. Dans l’étude, Brymner s’intéresse tout particulièrement à la disposition des blancs, cherchant un équilibre entre la lune, les troncs d’arbre et les moutons (qui ne sont que suggérés par les taches blanches). Dans l’œuvre finale, différentes nuances de blanc sont modifiées de telle sorte que l’astre nocturne domine et de délicats dégradés de lumière représentent la douceur du clair de lune dans le ciel et sur les feuilles des arbres.

 

Lorsque la toile est exposée à l’Académie royale des arts du Canada (ARC) en 1899, le critique du Montreal Witness la décrit joyeusement comme une pièce « délicieuse » qui « nous donne un appétit d’Oliver Twist pour en avoir “plus”. Un charme argenté, évocateur, émane de l’œuvre : la palette de couleurs est tendre et délicate, et la scène, la période de l’année et l’heure du jour sont convaincantes. Dans l’ensemble, c’est exactement le genre de tableau que l’on aimerait ajouter à sa collection. » Lever de lune en septembre devient rapidement l’une des œuvres les plus célèbres du peintre canadien.

 

Le tableau a été présenté dans plusieurs expositions ultérieures, notamment l’Exposition du Dominion de 1903, l’Exposition universelle de 1904 et l’Exposition de l’ARC de 1908, où elle est acquise par le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC). Le tableau est reproduit dans Canada and Its Provinces (1913) qui déclare que les peintures de Brymner sont connues pour « un traitement remarquablement délicat de la lumière. » Il est également reproduit dans un article sur le paysage canadien, écrit par le directeur du MBAC, Eric Brown, dans le cadre d’une édition spéciale du magazine Studio intitulée Art of the British Empire Overseas (1917).

 

Jean-François Millet, The Gust of Wind (Le coup de vent), 1871-1873, huile sur toile, 90,5 x 117,5 cm, National Museum Wales, Cardiff.

Bien que Lever de lune en septembre soit comparé aux compositions paysagistes de l’école de Barbizon en raison de son traitement délicat du paysage, il est plus approprié de voir en l’œuvre le reflet de la propre approche artistique de son créateur. En effet, ce dernier ne croit pas en l’imitation d’un style particulier et, à ce stade de sa vie, il est très critique à l’égard de l’école de Barbizon car, selon lui, suivre un mouvement spécifique mène à la perte de son individualité. En 1899, Brymner est reconnu comme un artiste dont l’innovation personnelle contrarie toute tentative d’identifier une trajectoire nette dans son œuvre. Comme le fait remarquer un critique du Montreal Witness, il est difficile d’écrire sur le peintre canadien parce qu’il a « de multiples facettes [et] ses aspirations esthétiques se développent dans tant de directions différentes. » Considérée comme l’une de ses grandes réussites, cette peinture est reconnue et admirée de son vivant.

 

En 1919, le tableau subit quelques dommages. À la demande du MBAC, Brymner entreprend de le réparer lui-même. Il remarque avec ironie : « C’est bien que la chose soit arrivée avant ma mort, car si elle avait tardé jusque-là, cela eut été un vrai malheur. » Il a accepté de restaurer le tableau gracieusement, mais c’était plus qu’un beau geste. Sa lettre suggère qu’il avait commencé à considérer l’œuvre comme une part non négligeable de son héritage artistique.

 

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