En hommage à Webern no 2 1963

Yves Gaucher, En hommage à Webern n° 2, 1963

Yves Gaucher,& En hommage à Webern no 2, 1963
Estampe en relief en noir et gris sur papier laminé, 57 x 76,5 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, © Succession Yves Gaucher / SODRAC (2015)

En hommage à Webern nos 1, 2 et 3 — une suite d’estampes à la composition rigoureuse — rompent avec le travail antérieur de Gaucher et contiennent les germes du cheminement subséquent. Les estampes sont capitales dans sa transformation en peintre plasticien — ou plutôt, dans son émergence en tant que post-plasticien —, en compagnie de Guido Molinari (1933-2004), Claude Tousignant (né en 1932) et Charles Gagnon (1934-2003).

 

Il renonce ici aux formes quasi organiques d’Asagao, 1961, et les transforme en un pur système de notations : lignes, carrés, traits. Imprimés en relief et en creux, ils sont parfois sans couleur, parfois noirs et gris, disséminés sur la surface, mais visiblement agencés en grille. Plus tard, Gaucher appellera « signaux » ces indices visuels. Il les choisit et les disperse dans les trois estampes comme s’il exécutait une série de variations sur un thème, passant d’une distribution relativement uniforme à une asymétrie croissante.

 

Art Canada Institute, Yves Gaucher, In Homage to Webern No. 1 (En hommage à Webern no. 1), 1963
Yves Gaucher, En hommage à Webern no 1, 1963, estampe en relief en noir et gris sur papier laminé, 57 x 76,5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, © Succession Yves Gaucher / SODRAC (2015).
Art Canada Institute, Yves Gaucher, In Homage to Webern No. 3 (En hommage à Webern no. 3), 1963
Yves Gaucher, En hommage à Webern no 3, 1963, estampe en relief en noir et gris sur papier laminé, 57 x 76,5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, © Succession Yves Gaucher / SODRAC (2015).

 

La création des estampes Webern est due à un événement marquant, soit le concert de musique de Pierre Boulez, Edgard Varèse et Anton Webern auquel Gaucher assiste lors de sa première visite à Paris en 1962. Sa découverte de ces nouvelles formes radicales de musique sérieuse le jette dans une période de travail intense, au cours de laquelle il produit près de 1500 dessins, dont il détruira la plupart, jusqu’à ce qu’il parvienne au dynamisme formel des estampes Webern.

 

Les « cellules de son » d’Anton Webern trouvent leur équivalent visuel dans les signaux de Gaucher. Leurs corrélations géométriques nous incitent à tenter de les rassembler en une seule unité, mais, en réalité, le regard est sans cesse relancé, trouvant refuge temporairement dans une succession de plus petits groupes de relations cohérentes, qui tous se dissocient rapidement quand l’œil se déplace pour découvrir des ordonnances nouvelles, mais tout aussi fragiles. Cette quête de complétude et de résolution engendre plutôt un flux continu, car, dans la contemplation, Gaucher incorpore comme qualités essentielles des sensations de temps et de durée.

Télécharger Télécharger