Peint au début du séjour parisien du peintre québécois Paul-Émile Borduas (1905-1960), son tableau Épanouissement témoigne de l’appartenance paradoxale de l’artiste à l’« American-type painting », pour reprendre les mots du critique Clement Greenberg. À Paris, Borduas se sent de plus en plus « Américain », ou au moins originaire de l’Amérique, et de moins en moins « Français ». Il lui aura fallu déménager en France pour en prendre conscience.

 

Paul-Émile Borduas, Épanouissement, 1956

Paul-Émile Borduas, Épanouissement, 1956

Huile sur toile, 129,9 x 195 cm, Musée d’art contemporain de Montréal

Pour Greenberg, la peinture européenne – par son refus de remettre en question son attachement à l’image savamment composée – a cédé le premier rang à l’école de New York et à sa peinture en all over, qui allait occuper, au milieu du 20e siècle, la place auparavant tenue par l’école de Paris sur la scène artistique internationale. Épanouissement est un tableau véritablement travaillé en all over, sans hiérarchie entre les éléments et sans point de focalisation important sur toute la surface peinte, et il donne l’impression qu’il pourrait se continuer au-delà des limites du cadre, ou qu’un fragment pourrait créer le même effet que le tout, ou ce qui nous est donné à voir. Ce tableau témoigne de l’impact de la peinture new-yorkaise sur Borduas et le détache définitivement de l’automatisme tel que défini dans les années 1940.

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Paul-Émile Borduas : sa vie et son œuvre par François Marc Gagnon.

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