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Le piano camouflé ou Cocardes françaises 1965-1966

Greg Curnoe, Le piano camouflé ou Cocardes françaises, 1965-1966

Greg Curnoe, The Camouflaged Piano or French Roundels (Le piano camouflé ou Cocardes françaises), 1965-1966
Métal, objet trouvé, fils, ampoules électriques et huile sur contreplaqué, 183 x 301,5 x 13 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Art Canada Institute, Greg Curnoe, cover of Dick Tracy and the Man with No Face by Chester Gould
Greg Curnoe, qui collectionne les comics, s’inspire de la couverture de Dick Tracy and the Man with No Face (1938) de Chester Gould pour représenter Robert Murray.

Le piano camouflé ou Cocardes françaises est la première des nombreuses œuvres de Greg Curnoe acquises par le Musée des beaux-arts du Canada. Elle enveloppe le spectateur avec ses couleurs éblouissantes et vibrantes, et ses dimensions considérables. Faisant appel à des techniques mixtes, elle rassemble une grande quantité d’éléments qui deviendront des signes distinctifs de Curnoe : un objet trouvé (l’enseigne de l’hôtel); le style bédé (le personnage évoquant Dick Tracy à droite); des aplats de teintes brillantes et inusitées (comme le vert des mains et des cheveux du pianiste); sans oublier le texte et les références visuelles incongrues (que fabrique le dirigeable dans un bar d’hôtel?).

 

Curnoe décrit cette œuvre comme « une juxtaposition, sans ordre logique, de choses et d’événements qui me préoccupent. » Les musiciens sont deux amis de l’artiste et le personnage à droite est le sculpteur Robert Murray (né en 1936). On ne sait pas vraiment pourquoi Murray est représenté en Dick Tracy ni d’ailleurs ce qu’il fait dans cette œuvre puisque les deux hommes ne se sont pas encore rencontrés. L’enseigne récupérée, « garnie » de fiente de pigeon et de six ampoules, évoque l’hôtel York à London où Curnoe et ses compagnons du Nihilist Spasm Band se produiront tous les lundis soir durant des années. Le dirigeable britannique R 34, le premier à traverser l’Atlantique sans escale, flotte au-dessus du piano. On n’aperçoit que la queue du dirigeable allemand Hindenburg qui plonge hors du cadre en bas, probablement une allusion à son dernier vol catastrophique en 1937. 

 

 Les bribes de texte le long des quatre bords font référence au jazz, à des as de l’aviation et à des révolutionnaires, mais n’expliquent pas le titre. Même s’il y a bel et bien un piano camouflé, les cocardes (les insignes nationaux reproduits sur les appareils militaires) sont britanniques, et non françaises (les trois cercles de la cocarde française portent les mêmes couleurs – bleu, blanc et rouge –, mais dans un ordre différent). Curnoe n’élucidera jamais ce paradoxe typique de son humour. 

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