Sleeve 1965

Michael Snow, Sleeve, 1965

Michael Snow, Sleeve, 1965

Huile, toile, bois, 366 x 366 x 305 cm

Vancouver Art Gallery

Art Canada Institute, Michael Snow, Carla Bley, 1965
Michael Snow, Carla Bley, 1965, lithographie offset, timbre en caoutchouc, 66 x 51 cm, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto.

Exposée pour la première fois en décembre  1965 à la Poindexter Gallery de New York, Sleeve (qui veut dire manche, mais aussi atout caché, tour dans son sac, et surprise) réunit plusieurs Femme qui marche traitées selon divers procédés et matériaux : peinture (y compris de la peinture-émail pulvérisée), bois, vinyle, masonite, acétate, photographie, toile, polyéthylène et plexiglas. Les douze éléments distincts sont agencés selon un plan de relations, de sorte que l’œuvre est considérée aujourd’hui comme une installation. Elle démontre comment Snow emploie la forme comme cadre utilitaire, conceptuel et de représentation, qui montre la voie vers ses thèmes plus abstraits sur la perception.

 

Sleeve présente une diversité de traitements formels : Snow y réalise plusieurs de ses ambitions pour ce projet, tel que décrit dans sa brillante brochure de 1962-1963, « A Lot of Near Mrs. ». Trois ans plus tard, cette forme est devenue sa « marque de commerce ». Il en avait établi les règles d’emploi, il se sent donc libre de les enfreindre. La figure se présente en différentes tailles. Dans une variation, elle est curviligne, son modèle complet. Dans une autre, une vraie femme entre dans le découpage; c’est une collègue musicienne, la compositrice et interprète de jazz américaine, Carla Bley. Son passage ultrarapide devant la caméra emboîte une représentation dans l’autre — version condensée de la poupée russe. Dans « A Lot of Near Mrs. », Snow écrit, « Elle n’a pas été conçue pour des usages prévisibles. »

 

Sleeve et son dispositif d’encadrement avec gélatine colorée — une pierre dressée avec une fenêtre — font de la figure quelque chose qui peut être modifiée par l’action des spectateurs, comme un regard à travers une vitre colorée. Le spectateur peut « se jouer de la figure ». Snow, qui avait déjà produit son film de la Femme qui marche, New York Eye and Ear Control, 1964, considère l’emploi de peintures-émails pulvérisées comme un autre mode de projection. Rigoureusement conçue, Sleeve témoigne aussi d’un artiste qui outrepasse les limites, tout en respectant le périmètre de la boîte blanche.

 

Louise Dompierre, la principale historienne de la série, Femme qui marche, rappelle qu’entre 1961 et 1967, Snow crée quelque 200 œuvres individuelles de la Femme qui marche, ainsi qu’un très grand nombre (qu’il estimera plus tard à près de 800) d’œuvres « spécifiques au site » ou, comme il dit, « perdues ». Il s’agit alors d’un jeu sur les « objets trouvés » de Marcel Duchamp (1887-1968) — une influence majeure sur la pensée de Snow et de sa génération. Les vies éphémères de ces pièces extérieures sont captées dans sa Biographie of the Walking Woman / de la femme qui marche, 1961-1967, 2004: on l’aperçoit dans des bouches de métro, sur des palissades de chantier, dans des annonces de journaux et sur éléments graphiques que Snow s’est approprié; pochée sur des bannières et des t-shirts; façonnée en bijoux ou en coussins recouverts de tapisserie; découpée en biscuits et autres aliments; comme marque de commerce, homologuée, et également autorisée par l’artiste à surgir n’importe où. Comme elle le fera, en effet, dans sa production subséquente, ce qui rend quelque peu prématurée la conventionnelle date de fin de la série, 1967. Le livre d’artiste, Biographie, en est un exemple, mais la Femme qui marche joue également un rôle actif dans son film de 2002, *Corpus Callosum.

 

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