Légende de la femme qui se transforme en narval 1974

Pitseolak Ashoona, Légende de la femme qui se transforme en narval, v. 1974

Pitseolak Ashoona, Légende de la femme qui se transforme en narval, v. 1974

Crayon-feutre de couleur sur papier vélin

66 x 50,7 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Pitseolak s’inspire parfois des légendes entendues dans sa jeunesse, surtout de son père Ottochie. Ce dessin aux allures de pierre précieuse possède toutes les caractéristiques de son travail — on y retrouve des Inuits et des animaux dans un paysage, représentés au moyen de couleurs riches et d’un trait énergique. Ici, Pitseolak expérimente des procédés de composition inhabituels, en plaçant la scène à l’intérieur de cadres en forme de diamants, et en les mettant en équilibre les uns par-dessus les autres.

 

La scène occupant la portion supérieure du dessin représente un moment critique de l’histoire de la femme se transformant en narval. Il est possible que la version de Pitseolak soit une variante propre au Nunavik (Arctique québécois), d’où vient la famille de son père, à laquelle elle apporte ses propres détails. Le long du dessin, elle écrit le passage suivants en caractères syllabiques : « Ces dessins sont de Pitseolak. Tous les quelques jours, elle endurait avec patience les coups que lui donnait son mari. Un jour, près de la mer, elle était sur le point de se faire battre de nouveau. Elle a donc plongé dans la mer. À ce moment-là, tous les narvals remontèrent à la surface de l’eau devant elle. »

 

Pour échapper aux violences que lui impose son mari, la femme se jette du haut d’une falaise; elle ne meurt pas mais se voit transformée en narval. Pitseolak dépeint le moment de la transformation qui sauve la vie de la femme, alors que ses longues tresses adoptent la forme d’une défense de narval.

 

Art Canada Institute, Pitseolak Ashoona, Untitled, 1976
Pitseolak Ashoona, Sans titre, 1976, crayon de couleur et crayon-feutre de couleur sur papier, 51,4 x 66,7 cm, Collection de la West Baffin Eskimo Co-operative Ltd., prêté à la Collection McMichael d’art canadien, Kleinburg, Ontario. Cette œuvre montre la femme de la légende en train de plonger dans la mer
Art Canada Institute, Napachie Pootoogook, Pitseolak’s Hardships #2, 1999–2000
Napachie Pootoogook, Les épreuves de Pitseolak no 2, 1999-2000, crayon-feutre noir sur papier, 51 x 66,2 cm, Winnipeg Art Gallery. La fille de Pitseolak, Napachie, s’inspire de divers aspects de la vie de campement, y compris de scènes de violence domestique 

 

Dans ce dessin, Pitseolak raconte une légende, mais cette version constitue une des rares instances où elle évoque une des grandes difficultés auxquelles beaucoup de femmes étaient confrontées dans les campements. Sa fille Pootoogook, Napachie Pootoogook (1938-2002) était consciente des circonstances de la vie de sa mère, allant jusqu’à en illustrer un incident dans Les épreuves de Pitseolak no 2, 1999-2000, où l’on voit sa mère en train de se faire battre tandis qu’une autre personne tente de s’emparer de son premier enfant. Toutefois, Pitseolak n’a jamais fait part de telles expériences à qui que ce soit, ni dans ses œuvres, ni lors d’entrevues avec des gens de l’extérieur de la collectivité. 

 

 

Télécharger Télécharger