Escarmouche d’Indiens s.d.

Zacharie Vincent, Escarmouche d’Indiens, s.d.

Zacharie Vincent, Escarmouche d’Indiens, s.d.

Mine de plomb sur papier, 30 x  49,2 cm

Château Ramezay, Montréal

Dans Escarmouche d’Indiens, le groupe d’autochtones, à gauche, offre une image d’unité et d’ordre qui contredit d’emblée la réputation d’indiscipline qu’on leur a donnée au cours de la période coloniale. On sait aussi que la communauté de la Jeune-Lorette offrait aux touristes et aux dignitaires en visite des démonstrations de tir inspirées de ces exercices militaires.

 

Un informateur de Marius Barbeau, l’anthropologue canadien bien connu, au cours de la première moitié du vingtième siècle, pour ses travaux sur les communautés autochtones de la côte ouest, rapporte d’ailleurs un des jeux pratiqués à cette occasion : « Pendant que les délégués étaient ici, un des amusement [sic] était de tirer la flèche en choisissant le meilleur parmi les délégués et les hurons. Et après cela on pariait 25 à 50 sous. Et généralement nos hurons étaient les plus adroits. Il ne se perdait pas beaucoup d’argent pour ces gagures [sic] […] ».

 

Le groupe d’enfants situé à droite, portant arcs et flèches, paraît d’ailleurs évoquer cet exercice, les défis lucratifs lancés aux visiteurs. Placés au centre, ceux-ci se trouvent toutefois en position de cible. Ce type de mise en scène semble synthétiser la complexité et les transformations du rapport de pouvoir que la communauté huronne entretenait avec à la culture dominante, en se trouvant partagée entre son désir de collaborer, de faire reconnaître son identité, et son besoin de freiner ses pertes politiques et territoriales.

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