Tecumseh, Huron s.d.

Zacharie Vincent, Tecumseh, Huron, s.d.

Zacharie Vincent, Tecumseh, Huron, s.d.

Fusain sur papier, 42,5 x 36,1 cm

Château Ramezay, Montréal

L’œuvre, qui reprend la pose figée et le cadrage resserré des autoportraits, présente une fois de plus — comme c’est le cas dans Zacharie Vincent et son fils Cyprien, v. 1851 — des problèmes d’échelle des parties du corps et de raccordement des bras, ce qui a pour effet de mettre en valeur la tête et les ornements. Vincent s’est probablement inspiré des illustrations de Tecumseh (1768-1813) qui connaissent une diffusion importante au cours du dix-neuvième siècle, dans la littérature romantique et les récits biographiques. Aucun portrait de Tecumseh n’a toutefois été réalisé de son vivant. Cette figure héroïque est issue non pas de la communauté huronne, comme l’identifie Vincent, mais de la communauté shawnee de l’Ohio, sœur des Wyandots qui sont originaires du Wendake des Grands Lacs, le site original wendat.

 

Comme Vincent, Tecumseh a occupé le rang de chef de guerre, exercé un rôle diplomatique et défendu les intérêts d’une confédération autochtone. Sa célébrité repose sur sa démarche de persuasion auprès des siens à abandonner la pratique de la torture, et sur sa résistance à l’envahissement du territoire de l’Ohio.

 

Cette série de parallèles qui unit les deux chefs nous guide vers une autre analogie : celle de l’identité du « héros tragique » dont l’expérience est traversée aussi bien par le triomphe que par les revers. Ainsi, Vincent exprime son identification à une figure héroïque autochtone, à l’expérience historique et au statut mythique, tout comme il l’avait fait avec le prince de Galles.

 

L’hommage que rend Vincent au chef shawnee est sans doute motivé, en outre, par le sentiment de fraternité mutuelle que partagent alors les communautés natives de la Fédération des Sept Feux, mais aussi par le parallèle qu’il peut établir entre le sort de la communauté shawnee et celle de Lorette, comme l’a suggéré Anne-Marie Blouin

 

La récupération du personnage est intéressante; elle laisse sous-entendre que l’artiste réservait une certaine empathie envers le célèbre chef, dont les préoccupations et le destin pouvaient s’apparenter à ceux des Hurons du village, eux-mêmes en pleine revendication territoriale et simultanément participant aux luttes britanniques, par exemple à la bataille de Châteauguay en 1813.

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