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La fille du fermier 1945

Prudence Heward, La fille du fermier, 1945

Prudence Heward, La fille du fermier (Farmer’s Daughter), 1945
Huile sur toile, 61,2 x 51,2 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Art Canada Institute, Illustration Heward sent to Isabel McLaughlin
Prudence Heward, La fille du fermier (Farmer’s Daughter), 1938, huile sur toile, 66,6 x 66,5 cm, Winnipeg Art Gallery.

La femme dans ce tableau, l’un des derniers peints par Prudence Heward, est un amalgame intrigant de tous ses modèles féminins : le personnage est représenté dans un décor rural, comme dans Rollande, 1929; elle occupe presque tout l’espace pictural, comme Mabel Lockerby (1882-1976) dans Au café (At the Café), v. 1929; la toile porte le même titre qu’une œuvre antérieure de 1938; et enfin, le sujet a les lèvres et les ongles foncés comme la femme dans Portrait de madame Zimmerman (Portrait (Mrs. Zimmerman)), 1943, réalisé deux ans auparavant.

 

Il est tentant d’interpréter les représentations féminines de Prudence Heward de manière narrative et linéaire. Les tableaux La fille du fermier (Farmer’s Daughter), 1938, et Rollande explorent la relation ambivalente qu’entretient une jeune femme avec la terre et la vie rurale. Dans l’œuvre La fille du fermier de 1945, le paysage n’est pas aussi soigneusement reproduit, ce qui laisse croire qu’il a une importance moindre pour le sujet féminin. Comme l’a fait remarquer l’historienne de l’art Barbara Meadowcroft, la clôture — un symbole important dans Rollande — est réduite à un simple gribouillis dans la version tardive, La fille du fermier. Heward ne se fie plus uniquement au symbolisme pour communiquer le sens : elle met plutôt l’accent sur la force physique et psychologique de la femme, comme en témoignent les expressions du visage et le langage corporel.

 

Même si l’on remarque des similarités visuelles entre la femme représentée dans La fille du fermier de 1945 et la jeune fille de la version peinte sept ans auparavant, il y a manifestement une différence d’âge. Néanmoins, Prudence Heward invite le spectateur à interpréter les deux tableaux l’un en fonction de l’autre en leur donnant le même titre. Alors que les deux filles sont placées relativement proches du plan pictural, la plus jeune est représentée en buste court et semble incertaine ou provocante. La plus âgée occupe une surface beaucoup plus grande de l’espace de la toile. Confiante, les bras croisés, elle regarde droit devant elle avec une expression de détermination. Si cette femme décide d’abandonner la campagne, nous ne doutons nullement qu’elle mènera son projet à bien.

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