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La boutique du pavillon de Miss General Idea 1984 1980

General Idea, La boutique du pavillon de Miss General Idea 1984, 1980

General Idea, The Boutique from the 1984 Miss General Idea Pavillion (La boutique du pavillon de Miss General Idea 1984), 1980

Métal galvanisé et plexiglas, multiples divers, imprimés, affiches et publications de General Idea, 153,7 x 339,1 x 259,1 cm

Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

La boutique du pavillon de Miss General Idea 1984 est une installation qui sert de lieu de vente et joue donc avec les notions d’art et de commerce, tout en remettant en question l’expérience habituelle des visiteurs d’une galerie d’art. Le comptoir tridimensionnel a la forme d’un signe de dollar en métal et est adapté à la vente des multiples et des publications de General Idea. Nombre de ces multiples, fabriqués en même temps que la Boutique et spécialement pour elle, rappellent les accessoires utilisés dans la vidéo Test Tube (Tube à essai), 1979. C’est le cas de Double palette, 1980, et de Liquid Assets (Biens liquides), 1980, tous deux conçus comme supports pour des verres à cocktail en forme d’éprouvettes ou tubes à essai. Cette intrusion croisée du commerce dans la galerie et de l’art dans le commerce fait douter du musée comme espace pur, que l’achat et la vente n’auraient pas contaminés.

 

Le pavillon de Miss General Idea 1984 auquel renvoie le nom de la Boutique est un édifice fictif dont les artistes prétendent qu’il a été détruit par le feu en 1977. C’est le point de convergence des œuvres produites entre 1977 et 1986. À cette époque, en effet, General Idea crée des projets liés de diverses manières au Pavillon, notamment par des reconstructions de l’édifice, la création de fragments comme autant de préfigurations de l’avenir et la mise au jour de vestiges archéologiques. Le passé, le présent et l’avenir du Pavillon se confondent. Comme l’explique AA Bronson : « Nous avons brouillé le temps, mélangé passé et avenir. » La Boutique est présentée comme un moment à venir du Pavillon.

 

Art Canada Institute, General Idea, The Boutique from the 1984 Miss General Idea Pavillion, 1980
Installation, General Idea, La boutique du pavillon de Miss General Idea 1984, 1980, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto, photographe : General Idea. La Boutique, en forme de signe de dollar, est conçue pour vendre des multiples, des affiches, des lithographies et des publications. Lieu de l’installation inconnu.

Sa fonctionnalité est d’ailleurs le pivot du commentaire que veut formuler General Idea. Quand l’œuvre est exposée pour la première fois à la Carmen Lamanna Gallery, à Toronto, en 1980-1981, il s’y trouve à temps plein un(e) préposé(e) qui assure la vente, ce qui fait partie de l’œuvre, et c’est pourquoi les visiteurs peuvent manipuler les articles en montre. Ailleurs, la Boutique est carrément un magasin; ce sera le cas notamment à la foire artistique internationale de Madrid. L’œuvre sera également installée au centre de la boutique de la galerie SPIRAL, à Tokyo. Au 49th Parallel Centre for Contemporary Canadian Art, à New York, enfin, l’installation comprend vendeur (ou vendeuse) et ventes.

 

Cependant, il sera parfois impossible de garder à l’œuvre sa fonction commerciale, pour éviter les conflits avec les boutiques réelles des musées ou l’indignité que représente la notion de commerce dans un espace muséal. Dans certains cas, il n’y aura pas de préposé(e) et il sera même impossible de manipuler les articles, protégés par une vitrine. Lillian Tone, conservatrice, explique que la Boutique annonce une tendance maintenant répandue : « Conçue à une époque où le son des caisses enregistreuses semblait encore saugrenu dans l’environnement aseptisé du lieu d’exposition, la Boutique présageait l’ubiquité des magasins temporaires dans des espaces naguère dévolus à l’art. »

 

La Boutique se retrouve dans d’autres projets du groupe. « The Special $ucce$$ Issue » (numéro spécial sur le succès) de FILE Megazine publié en 1981, par exemple, est conçu comme un encart publicitaire faisant la promotion des stocks de multiples qui y sont offerts. Lillian Tone précise : « La force de la Boutique tient pour une grande part à la perception trouble qu’en a le public, qui ne sait pas trop s’il se trouve devant un magasin ou une œuvre d’art. »

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