Fabricant de raquettes s.d.

Zacharie Vincent, Fabricant de raquettes, s.d.

Zacharie Vincent, Fabricant de raquettes, s.d.

Mine de plomb et lavis d’encre sur papier, 23 x 30 cm

Château Ramezay, Montréal

Art Canada Institute, Zacharie Vincent, The Bounce, Montreal Snowshoe Club, 1886, by William Notman & Son.
William Notman & Son, La culbute, Montreal Snowshoe Club, 1886, photographie composite, sels d’argent sur verre, plaque sèche à la gélatine, 25 x 20 cm, Musée McCord. Au milieu du 19esiècle, la raquette devient une activité populaire pour la population coloniale. Dans cette photo composite de 1886, des membres du Montreal Snowshoe Club donnent la bascule à lord Stanley de Preston, gouverneur général du Canada, un geste de respect et de célébration réservé notamment aux gagnants des courses et aux invités d’honneur.

Réalisé par Vincent, Fabricant de raquettes met en scène un artisan dans son espace intime. Installé sur une chaise cannelée, l’homme tisse la tête d’une raquette, tandis qu’à ses pieds sont étalés un rouleau de babiche, un poinçon et un couteau. En captant ces artisans dans leur cadre domestique, il contrevient à la perception réductrice du sujet autochtone évoluant exclusivement dans un univers dit « naturel ».

 

Les scènes révèlent toutefois une réalité que les photographies de l’époque ne sont pas en mesure de reproduire : compte tenu des contraintes techniques de l’éclairage, les scènes d’intérieur se limitent aux installations en studio. Par conséquent, les photographes qui souhaitent capter les sujets d’intérêt ethnographique doivent les déplacer à l’extérieur. À cet effet, les œuvres de Vincent s’inscrivent dans un registre documentaire, qui offre un témoignage sur la condition des artisans.

 

 Fabricant de raquettes fait partie d’une série dans laquelle Vincent expose différentes étapes de la fabrication de raquettes, une activité séculaire chez les populations nomades et semi-sédentaires sur un territoire nordique et couvert d’un important réseau hydrographique. La raquette est devenue également un symbole de l’enracinement nomade des cultures autochtones dans le territoire, mais aussi de l’adaptation des populations allochtones.

 

Au cours du dix-neuvième siècle, les raquettes demeurent indispensables aux militaires et aux prospecteurs, dans le travail de repérage et de construction des voies ferroviaires. À partir de 1840, elles connaissent un nouvel essor grâce à l’apparition des clubs de raquetteurs. Cette popularité entraîne une demande croissante à laquelle tentent de répondre les fournisseurs autochtones, dont le rendement passe du mode artisanal, où l’individu vend lui-même ce qu’il fabrique, au mode industriel caractérisé par une spécialisation des tâches. Les artisans de la Jeune-Lorette contrôlent alors une part importante de ce marché. Grâce à l’adaptation des méthodes ancestrales aux nouvelles réalités, ils travaillent à l’aide d’instruments sophistiqués, dans le confort de leur demeure.

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