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La cueillette de fleurs v. 1912

Helen McNicoll, La cueillette de fleurs, v. 1912

Helen McNicoll, Picking Flowers (La cueillette de fleurs), v. 1912
Huile sur toile, 94 x 78,8 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Helen McNicoll, Sketch for “Picking Flowers” (Esquisse pour « La cueillette de fleurs »), v. 1912, huile sur toile sur carton stratifié, 25,5 x 20,3 cm, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto.

McNicoll a peint le monde spontané et insouciant des enfants à de nombreuses occasions, les campant au sein de cadres ruraux, d’espaces domestiques et sur la plage. La cueillette de fleurs est une charmante représentation de la petite enfance des filles. L’œuvre met en scène deux enfants sur un sentier bien entretenu; la petite fille à l’avant-plan s’arrête pour cueillir une fleur des buissons blancs qui fleurissent le long du sentier. Ses joues rougies contrastent avec ses cheveux blonds ensoleillés et sa blouse blanche brillante, tandis qu’elle se penche pour choisir la fleur parfaite pour aller avec celle qui est déjà dans sa main. Alors qu’elle se concentre attentivement sur sa tâche, une enfant plus jeune s’avance derrière elle, ne semblant pas trop stable sur ses pieds.

 

Ce tableau est un exemple particulièrement pertinent de l’approche « détachée » de McNicoll envers ses sujets, les enfants jouant ne communiquant pas entre elles et pas davantage avec l’artiste. Il révèle aussi un style impressionniste en évolution : la composition en diagonale accentuée et la rapide récession du chemin aplanissent l’espace, comme le font les coups de pinceau divisés qui forment les feuilles de l’arbre. Les stratégies visuelles modernes de McNicoll contribuent à affirmer que ses jeunes sujets sont absorbées dans un monde privé auquel le spectateur adulte n’est admis que pendant un court moment.

 

McNicoll n’est pas la seule artiste durant cette période qui s’intéresse aux enfants modernes, de race blanche, de classe moyenne, pour en faire des sujets artistiques; c’est un intérêt partagé par des artistes comme Berthe Morisot (1841-1895) et Laura Muntz Lyall (1860-1930). Dès la fin du dix-huitième siècle, l’enfance est conceptuellement repensée et comprise comme une phase distincte de la vie; les enfants sont vus comme des créatures pures et innocentes qui doivent être protégées des préoccupations « du monde réel. » L’historienne de l’art Anne Higonnet a démontré que la culture visuelle a joué un rôle important dans la nouvelle compréhension de l’enfance idéale. Les représentations de jeunes filles au travail de McNicoll suggèrent toutefois que cette liberté, à jouir du temps de l’enfance, n’est pas une réalité partagée par tous les enfants.

 

Photographie de Dorothea Sharp et une modèle enfant, date inconnue, photographie prise par Helen McNicoll, dossier d’artiste de Helen McNicoll, Robert McLaughlin Gallery, Oshawa.

Le thème d’enfants cueillant des fleurs semble avoir été d’un attrait particulier pour  McNicoll : des croquis préparatoires existent pour cette peinture et une œuvre semblable, Gathering Flowers (Récolte de fleurs), v. 1911, reprend le même sujet, malgré quelques différences. Des photographies montrent les artistes travaillant ensemble à la campagne : dans l’une d’elles, Sharp travaille à sa toile alors qu’une petite fille pose à distance et qu’un canevas attend que McNicoll revienne à son pinceau.

 

La surdité de McNicoll peut avoir constitué un obstacle pour trouver et conserver de bons modèles. Dans une lettre envoyée du Yorkshire, l’artiste se plaint à son père qu’elle et Sharp n’ont eu aucune chance pour trouver des modèles, même dans les villages voisins. Heureusement, Sharp était reconnue par ses collègues pour sa facilité à attirer des modèles enfants, « surtout les filles de pêcheurs … qui aiment revêtir les jolies robes d’enfants qu’elle avait toujours avec elle. »

 

 

 

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