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L’homme aux bandages 1973

Paterson Ewen, L’homme aux bandages, 1973

The Bandaged Man (L’homme aux bandages), 1973
Acrylique et toile sur contreplaqué, 243,8 x 121,9 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Paterson Ewen s’éloigne des portraits, tout comme il s’éloigne des gens; ils le mettent mal à l’aise. Pourtant, en 1989, Ewen déclare : « Les gens me considèrent comme un peintre de paysage parce que j’ai fait des centaines d’images de paysages, mais ma demi-douzaine de portraits sont mes plus grandes œuvres. »  L’homme aux bandages est sans doute le plus connu des portraits réalisés par l’artiste. Comme Ewen lui-même, ce portrait est gauche, troublant et bouleversant. Le spectateur est observé avec intensité, face à un individu enveloppé dans des bandages et représenté de manière naïve et déformée, ce qui reflète un moi meurtri. En même temps, l’image semble contenir une étincelle, une force de vie intérieure qui suggère que l’individu va aller de l’avant.
 

Paterson Ewen, Portrait of Vincent (Portrait de Vincent), 1974, médias mixtes sur contreplaqué, 243,8 x 121,9 cm, Vancouver Art Gallery.

L’homme aux bandages est inspiré d’une gravure à l’eau forte qui accompagnait une entrée sur les différents types de bandages dans une encyclopédie. Comme Ewen l’explique :
 

Cela m’a tellement intrigué que j’ai pensé que je ferais un homme enveloppé de bandage sur un morceau de contreplaqué quatre par huit en utilisant de la toile pour le bandage. Je me sentais un peu comme une épave après mon année à Toronto. Et au fur et à mesure que je progressais dans la réalisation de L’homme aux bandages, je me suis rendu compte qu’il me ressemblait de plus en plus. Il avait mon corps et cela devenait effrayant. Quand je me couchais le soir, je le tournais vers le mur. Il ne fait aucun doute que c’est une sorte d’autoportrait. Peut-être que c’est aller trop loin, mais je n’en suis pas si sûr. Tout ça pour dire que je l’ai peut-être fait à une époque où j’étais une épave et que j’avais besoin de bandages.

 

La couleur de fond rappelle les murs vert pâle de l’hôpital, un endroit qu’il ne connaît que trop bien.
 

Les portraits d’Ewen ont peu en commun et ne peuvent donc pas être considérés comme une série. Dans l’ensemble cependant, leur apparition sporadique suggère qu’ils marquent des événements importants dans sa vie. L’homme aux bandages témoigne du long processus de guérison d’Ewen après une période traumatisante de huit ans qui a commencé lorsqu’il a quitté sa première femme, Françoise Sullivan (née en 1923), en 1965. Son Portrait of Vincent (Portrait de Vincent), 1974, célèbre les dons poétiques de son fils aîné. Self Portrait (Autoportrait) de 1986 représente probablement la tentative d’Ewen de retrouver un sens de soi, ou un sentiment de complétude, après que sa compagne, Mary Handford, soit partie étudier l’architecture à Waterloo, en Ontario — une séparation qu’Ewen n’a pas bien gérée. Les portraits d’Ewen sont des signes de ponctuation fascinants dans la carrière d’un artiste qui se tient normalement loin de la figure humaine. 
 

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