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Saules du Manitoba v.1929-1931

Bertram Brooker, Saules du Manitoba, v.1929-1931

Bertram Brooker, Manitoba Willows (Saules du Manitoba), v.1929-1931  

Huile sur toile, 30 x 38 cm  

Collection privée 

Saules du Manitoba marque un tournant dans la carrière de Brooker. En 1929, lorsqu’il rencontre le peintre Lionel LeMoine FitzGerald (1890-1956), il a déjà largement dépassé Lawren Harris (1885-1970) en ce qui a trait à son exploration de l’abstraction. Suivant l’exemple de FitzGerald, Brooker ici, et pour la première fois, fusionne complètement des éléments abstraits et figuratifs. L’historienne de l’art Joyce Zemans suggère une raison qui expliquerait ce changement : « Brooker a réalisé que la plupart des gens ne pouvaient pas répondre à ses œuvres abstraites, “ses toiles du monde et de l’esprit”, et a abandonné ses premières expériences avec l’abstraction. »

 

Lionel LeMoine FitzGerald, Poplar Woods [Poplars] (Bois de peupliers [Peupliers]), 1929
Lionel LeMoine FitzGerald, Poplar Woods [Poplars] (Bois de peupliers [Peupliers]), 1929, huile sur toile, 71,8 x 91,5 cm, Winnipeg Art Gallery. 
Bertram Brooker, Snow Fugue (Fugue enneigée), 1930,
Bertram Brooker, Snow Fugue (Fugue enneigée), 1930, huile sur toile, 101,6 x 101,6 cm, collection privée.

On peut voir l’influence de FitzGerald sur Brooker dans l’équilibre prudent entre la figuration et l’abstraction. Les arbres sont évidemment des arbres, mais ils sont dépourvus de détails excessifs, réduits à l’essentiel, et ultimement symboliques. Même si les branches des saules de Brooker sont présentées contre un paysage plus radieux que celui de FitzGerald dans Poplars (Peupliers), 1929, par exemple, lorsque l’on compare les deux œuvres, elles témoignent d’un synchronisme entre les deux artistes.  

 

On peut également constater ce nouveau tournant dans l’art de Brooker dans Snow Fugue (Fugue enneigée), 1930, où l’on décèle un contraste étonnant entre la neige qui colle aux branches et le tronc de l’arbre. La neige est peinte avec minutie, particulièrement lors des interactions entre les bleus, les blancs et les gris. Ici, Brooker représente la nature avec une précision scientifique magistrale. L’artiste utilise le terme musical « fugue », qui correspond à deux voix (ou plus) qui sont en opposition contrapuntique l’une envers l’autre, et qui attirent l’attention du spectateur vers les formes complexes de la neige en opposition à la simplicité relative du tronc de l’arbre.  

 

À partir de ce moment, la pratique de Brooker sera consacrée de plus en plus à la découverte de différentes combinaisons d’abstraction et de figuration, même s’il continuera à peindre des œuvres abstraites jusqu’en 1931 et qu’il reviendra à l’occasion à l’abstraction dans la suite de sa carrière.  

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