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La légende des artistes 1976

La légende des artistes, 1976

Françoise Sullivan, avec l’assistance de David Moore et Jean-Serge Champagne, La légende des artistes, 1976
Vitrines dédiées aux Automatistes : métal, bois, verre et documents, dimensions inconnues

GAUCHE: « Les Automatistes », photographie de Louis-Philippe Meunier, Archives de l’Université Concordia, Montréal

DROITE : « La Galerie L’Actuelle », photographie de Louis-Philippe Meunier, Archives de la ville de Montréal

Corridart était une exposition publique de six kilomètres, installée le long de la rue Sherbrooke à Montréal, entre la rue Atwater et le complexe olympique, pour coïncider avec les Jeux olympiques de 1976. L’artiste et architecte Melvin Charney (1935-2012) avait organisé l’événement, qui rassemblait environ soixante artistes, parmi lesquels Pierre Ayot (1943-1993), Claude Thibaudeau (né en 1932), Bill Vazan (né en 1933) et Françoise Sullivan. Avec l’assistance de David Moore (né en 1943) et de Jean-Serge Champagne (né en 1947), qui ont travaillé selon ses indications, Sullivan conçoit douze panneaux et six petites vitrines d’exposition qu’elle dispose sur les trottoirs, en face des maisons où d’importants intellectuels et artistes, comme Émile Nelligan (1879-1941), Norman Bethune (1890-1939), Paul-Émile Borduas (1905-1960), Pierre Gauvreau (1922-2011) et Claude Gauvreau (1925-1971), avaient vécu, ou devant des maisons où d’importants événements culturels avaient eu lieu, comme par exemple, L’Actuelle, une galerie fondée par Guido Molinari (1933-2004) et Fernande Saint-Martin (née en 1927).

 

Démolition de Corridart, rue Sherbrooke, 13 et 14 juillet 1976.
Démolition de Corridart, rue Sherbrooke, 13 et 14 juillet 1976, photographie de Louis-Philippe Meunier, Archives de la ville de Montréal.
Cartes postales de l’affaire Corridart, 1977.
Cartes postales de l’affaire Corridart, 1977, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) Vieux-Montréal.

Les vitrines en bois stratifié faisaient environ un demi-mètre de hauteur et étaient posées sur des pieds en acier peint en rouge. Ressemblant à des musées miniatures, elles présentaient des images, des textes et des objets divers, destinés à procurer un aperçu de l’histoire particulière de la ville de Montréal et de sa sensibilité culturelle. Comme le dit Sullivan : « Je voulais que ce travail soit une étalage de l’œuvre de l’artiste en même temps qu’un hommage à une pensée qui survit au temps … J’ai abordé la chose d’une façon que je voulais humaine, profonde, presque proustienne. »

 

La légende des artistes est la quatrième promenade dans l’œuvre de Sullivan. Elle y développe une nouvelle approche lui permettant encore une fois d’innover par la performance. Plutôt que de documenter son expérience en tant qu’artiste, La légende des artistes invite le public à découvrir la vie culturelle qui a caractérisé le développement de Montréal au fil du temps, alors qu’il flâne le long d’une de ses artères principales. Cependant, très peu de personnes ont pu expérimenter l’œuvre. La vision de la culture et de l’histoire de Montréal, telle que mise de l’avant par Sullivan et les autres artistes, porte sur la modernité et la diversité, mais l’exposition présente aussi, de manière délibérée, les problèmes sociaux et économiques de Montréal dans ces années, et le maire de Montréal de l’époque, Jean Drapeau, en a été outragé. Inaugurée le 7 juillet 1976, Corridart a été démantelée le 13 juillet, quatre jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Exaspérés par cette décision et par la destruction de leurs œuvres, douze artistes, dont Sullivan, ont intenté un procès contre la Ville de Montréal. Il a fallu douze ans pour que les demandeurs obtiennent un règlement de quelques milliers de dollars chacun. Pour Sullivan, « Corridart, ça sera toujours pour moi comme un affront. J’avais perçu le projet comme un projet sérieux. J’y ai travaillé avec tout mon cœur, comme si je rétablissais une chronique à travers le temps. »

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