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Murale composite de la Compagnie Pétrolière Impériale 1956

Oscar Cahén, murale composite, salon du personnel et cafétéria de l’immeuble de la Compagnie Pétrolière Impériale, Toronto, 1956

Oscar Cahén, murale composite, salon du personnel et cafétéria de l’immeuble de la Compagnie Pétrolière Impériale, Toronto, 1956

Vue d’une installation, d’après une photographie d’époque (panneau central, tronqué sur la droite)
Acrylique sur toile, environ 294,6 x 670,6 cm

Robert McLaughlin Gallery, Oshawa

En 1955 commence la construction du siège administratif de la Compagnie Pétrolière Impériale au 111, avenue St. Clair Ouest, à Toronto, un gratte-ciel distinctif où travailleront 1200 personnes. Trois artistes torontois sont invités à y exécuter des peintures murales : Oscar Cahén est choisi pour la décoration de la cafétéria et du salon du huitième étage, tandis que York Wilson (1907-1984) et Sydney H. Watson (1911-1981) décoreront respectivement le vestibule d’entrée et la salle de conférence. Il s’agit d’une commande très prestigieuse pour laquelle Cahén reçoit la somme princière de 7200 $ (le salaire annuel d’un ouvrier du secteur manufacturier est alors d’environ 5000 $). Il finalise l’œuvre quelques jours à peine avant sa mort, le 26 novembre 1956.

           

Art Canada Institute, Oscar Cahen, Imperial Oil Executive Office Building, Toronto, 1956
Version installation des panneaux peints par Cahén pour le salon et la cafétéria du personnel de l’immeuble de la Compagnie Pétrolière Impériale, Toronto, 1956

Pour les trois sections de mur et une colonne, l’artiste imagine un dessin curviligne inspiré de la nature, qui contraste fortement avec la structure mercenaire apparentée au modernisme international de l’édifice quadrillé de fenêtres distribuées très régulièrement. Destinés à animer un espace voué à la détente, barbelures et croissants interagissent gaiement avec de vastes zones pastel et d’autres de couleurs vives. Un motif solaire illumine le centre de la pièce, vaste mais plutôt sombre et relativement basse de plafond. Le critique Robert Fulford estime que l’artiste « a doté le nouveau bâtiment de la Compagnie Pétrolière Impériale de la touche la plus humaine, et de loin […] C’est l’une des plus belles peintures murales qu’il m’ait été donné de voir de la part d’un artiste canadien et ce pourrait bien être le chef-d’œuvre absolu de Cahén ». Pour Harold Town (1924-1990), ce dernier rompt avec ses influences antérieures et « monte pour la première fois dans une arène qui est entièrement sienne ».

 

Art Canada Institute, Oscar Cahen, Untitled (368), c. 1955–56
Oscar Cahén, Sans titre (368), v. 1955-1956, encre, aquarelle et réserve sur carton à dessin, 55,9 x 71,1 cm, collection privée

L’application uniforme de la peinture à la manière hard-edge supplante le coup de pinceau calligraphique qui caractérisait jusqu’ici la peinture de Cahén. Le changement est peut-être dû en partie au fait que l’œuvre est un élément architectural. Le découpage n’est plus seulement un objet d’art bidimensionnel servant d’arrière-plan décoratif; il crée une installation qui modèle un espace tridimensionnel. Les larges aplats et la composition des segments n’en conservent pas moins quelques similarités avec les aquarelles et les encres que l’artiste continue de produire. Moins personnalisés toutefois, ces segments témoignent d’un grand intérêt pour les propriétés formelles de la couleur, des motifs, de l’espace et de la juxtaposition. Après la mort de Cahén, d’autres artistes dont Jack Bush (1909-1977), également membre des Painters Eleven, emprunteront des voies similaires à cette peinture par champs de couleurs, que le critique newyorkais Clement Greenberg appellera abstraction post-picturale.

 

Deux sections de l’œuvre sont déposées en 1979 à la veille de travaux de rénovation et seront bientôt l’objet de mesures de préservation; la troisième grande section de la murale ainsi que les petites sections qui ornaient la colonne sont présumées perdues.

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