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Les trois pommes 1887

Ozias Leduc, Les trois pommes, 1887

Ozias Leduc, Les trois pommes, 1887

Huile sur carton fort, 22,7 x 31,7 cm

Musée des beaux-arts de Montréal

Trois pommes sont posées dans une assiette creuse sur un meuble de bois dont l’arête est abimée. Un sujet aussi simple condense tout un univers. Leduc, à 23 ans, semble exprimer l’essence d’un symbolisme qui vise à percer les apparences, à montrer ce qui se cache derrière l’enveloppe des objets et du monde matériel.

 

Ozias Leduc, Le vieillard aux pommes, 1938, huile sur panneau aggloméré, 28,8 x 19,5 cm, collection privée. Le peintre rend ici un hommage posthume à son père Antoine Leduc (1837-1921) qui était pomiculteur. Le verger familial, dont Ozias prendra la charge, comptait environ 300 pommiers.

En choisissant de donner aux fruits la forme de sphères parfaites, en regroupant ces pommes de façon à les faire tourner dans le contenant afin qu’on en voit le calice, le pédoncule et la tige, le peintre montre la complexité et l’unité du monde végétal. Ces trois sphères nimbées par le cercle de l’assiette ne sont pas sans évoquer la représentation de la Trinité. De plus, les fruits occupent toute la place et baignent dans une lumière « surnaturelle » qui semble surgir d’eux, en même temps qu’ils l’absorbent, tandis que l’environnement est assombri.

 

Le travail du menuisier et du pomiculteur, métiers qu’exerce son père, est au cœur du tableau. Père spirituel et père naturel sont confondus dans cet hommage à la création. Le tableau de Leduc célèbre les résultats du travail de l’ouvrier. L’artiste y reconnaît l’importance du labeur et de la création en art et dans les travaux manuels. Il construit soigneusement les formes par différentes touches, longues et fines pour les pommes, lisses et fondues pour les objets, afin de recréer la nature et sa transformation par l’homme. Chez lui, la nature est à la source de l’expérience esthétique et fournit des sujets de contemplation et d’inspiration pour l’intelligence et pour l’âme.

 

Leduc accordait une grande importance à ce petit tableau de jeunesse qu’il n’exposa jamais. En 1942, il choisit de l’offrir à son ami Paul-Émile Borduas (1905-1960) qui l’a conservé jusqu’à ce que sa veuve le cède au Musée des beaux-arts de Montréal en 1988.

 

 

 

 

 

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