Le critiqueur v. 1963

Pitseolak Ashoona, Le critiqueur, v. 1963

Pitseolak Ashoona, Le critiqueur, v. 1963

Mine de plomb sur papier vélin

47,6 x 61,1 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Le critiqueur est un des premiers exemples de commentaire de la part de Pitseolak au sujet du monde de l’art. La vigueur de son dessin au trait capture à la fois l’aspect comique et embarrassant de ce nouveau type de transaction : un oiseau en échange d’une œuvre d’art. L’enthousiasme de « l’acheteur » (qui tient l’oiseau par le cou) s’exprime par ses gestes et le mouvement de ses cheveux, tandis que les deux figures inuites paraissent sereines en lui présentant des dessins, réalisés dans le style de Pitseolak, parmi lesquels l’acheteur est invité à choisir. L’attention aux détails, typique de l’artiste, est en évidence dans les décorations sur les vêtements des figures inuites; nul doute qu’il s’agit de souvenirs des années où elle cousait des vêtements pour sa propre famille.

 

De nombreux artistes inuits de la première vague ignorent tout du monde de l’art, et ne se considèrent pas artistes à proprement parler. Pitseolak est l’exception : elle inclut des représentations de ses propres dessins dans ses œuvres, et parle souvent d’elle-même comme d’une artiste. Toute en étant fière de ses réalisations, cela l’amuse aussi à l’occasion : « Parfois, quand je vois des représentations de mes dessins et de mes estampes dans des livres, ça me fait rire. Je ris de penser qu’ils sont devenus quelque chose », dira-t-elle. L’inclusion de dessins à l’intérieur de dessins devient un thème récurrent dans sa pratique; pourtant, de telles œuvres ne sont jamais retenues pour en faire des estampes, et Le critiqueur ne sera pas exposé avant la rétrospective qui aura lieu en 1975-1977.

 

Art Canada Institute, Napachie Pootoogook, Drawing of My Tent, 1982
Napachie Pootoogook, Dessin de ma tente, 1982, gravure sur pierre et pochoir sur papier, imprimée par Qabaroak Qatsiya, 63,5 x 86,4 cm. Napachie crée des images autobiographiques, tout comme sa mère Pitseolak. 
Art Canada Institute, Shuvinai Ashoona, Pictures of My Drawings, 2007
Shuvinai Ashoona, Images de mes dessins, 2007, crayon de couleur et encre sur papier, 55,9 x 76,2 cm, collection privée.

L’intérêt de Pitseolak pour la dimension autobiographique de l’expression artistique est partagé par sa fille, Napachie Pootoogook (1938-2002), comme en atteste Dessin de ma tente, 1982, dans lequel l’artiste tient un dessin d’une tente faite de peau — tout comme les figures du dessin de Pitseolak tiennent des dessins dans Le critiqueur — alors qu’elle se tient devant sa tente de toile moderne. Pitseolak s’intéressera à la représentation autobiographique du sujet, un intérêt qui, chez Napachie, se manifestera ensuite sous forme d’autoportraits et de portraits de ses confrères et consœurs travaillant dans l’atelier. Ce thème distinctif ressurgit dans des œuvres plus récentes des petites-filles de Pitseolak, Annie Pootoogook (née en 1969) et Shuvinai Ashoona (née en 1961), elles-mêmes des artistes novatrices; le thème de la représentation de soi est fréquemment abordé par les artistes inuits contemporains.

 

 

 

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