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Voici la Némesis 1965

William Kurelek, Voici la Némesis, 1965

William Kurelek, This Is the Nemesis (Voici la Némesis), 1965

Techniques mixtes sur Masonite, 114,8 x 115,6 cm

Art Gallery of Hamilton

Art Canada Institute, William Kurelek,
Couverture de l’ouvrage d’Edward Holloway, Catholicism: A New Synthesis (1969).

Voici la Némesis fait partie du second cycle d’œuvres à message moral de Kurelek, Glory to Man in the Highest (Gloire à l’homme dans toute sa splendeur). Présenté comme une « satire socioreligieuse », l’ensemble de vingt tableaux explore un éventail de thèmes allant du crime urbain au progrès scientifique, de l’inégalité économique à la sécularisation des fêtes religieuses. La scène imagine la destruction fictive d’Hamilton, en Ontario, par une bombe nucléaire. Un embrasement atomique domine le tableau, entraînant rapidement le regardeur dans une orgie funeste. Un autre champignon d’énergie cataclysmique tourbillonant à l’horizon lointain annonce le destin similaire de Toronto. Le cadre du tableau est un collage fait à partir de l’horaire de télévision publié dans le Globe and Mail.

 

Cette œuvre et les autres du même cycle ont d’abord été exposées à la Galerie Isaacs de Toronto en 1966. L’imagerie que l’on retrouve dans ces tableaux, leur titre et les notes de l’artiste accompagnant l’exposition révèlent l’influence du théologien catholique conservateur anglais Edward HollowayVoici la Némesis est une élaboration visuelle du ton moralisant et apocalyptique d’Holloway, dont le livre Catholicism: A New Synthesis, publié en 1969, inclut des titres de chapitres tels que « Whom do you say Man is? » (« Qui est l’homme dites-vous? ») et « Nemesis » (« Némesis »).

 

Cette série a choqué et polarisé la critique. Kay Kritzwiser a applaudi la condamnation du consumérisme qu’y fait Kurelek, tandis que Harry Malcolmson a comparé l’exposition à « un sermon de feu et de souffre nous exhortant à bien nous comporter », ajoutant : « Kurelek dit que ses nouvelles œuvres sont satiriques, mais la satire implique généralement de s’exprimer par voies détournées. Il y a à peu près autant de voies détournées dans l’attaque à la massue de Kurelek que dans les Dix Commandements ».

 

Bien qu’il ne soit pas favorable à Kurelek, le compte-rendu de Malcolmson souligne la profondeur de sa réalisation artistique. La véhémence religieuse de ses œuvres n’aurait pas été prise au sérieux par le monde de l’art majoritairement séculaire si elle avait été le fait d’un artiste moindre, mais elle venait néanmoins confirmer chez Kurelek sa sincérité et sa singularité créative. D’aucuns pouvaient être en désaccord avec lui, mais ils n’en demeureraient pas moins captivés par ses tableaux.

 

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