Le bébé décédé de Mme Hillard 1868

William Notman, Le bébé décédé de Mme Hillard, Montréal, 1868

William Notman, Le bébé décédé de Mme Hillard, Montréal, 1868
Sels d’argent sur papier monté sur papier, papier albuminé, 8,5 x 5,6 cm
Musée McCord

De toutes les bizarreries de la photographie victorienne, l’une des plus incompréhensibles à nos yeux modernes est la photographie post-mortem. Poser pour un portrait devient vite un important rituel social des membres de la bourgeoisie et de l’élite, et quand un enfant meurt avant la réalisation d’un premier portrait vivant, les parents demandent souvent une image post-mortem. L’idée de faire un portrait photographique d’un bébé décédé nous paraît macabre, mais la relation des Victoriens avec la mort et la mortalité infantile est très différente. À cette époque, tout près d’un tiers de tous les enfants nés meurent avant l’âge adulte et ces morts ont toutes lieu à la maison. Après un décès, les visiteurs sont reçus dans le foyer familial où ils peuvent voir le corps, qui est soigneusement disposé pour les personnes venues rendre un dernier hommage et pour le photographe.

 

Art Canada Institute, Notman & Sandham, J. Edgar’s Dead Child, 1877
Notman & Sandham, L’enfant décédé de J. Edgar, Montréal, 1877, sels d’argent sur papier monté sur papier, papier albuminé, 12,7 x 17,8 cm, Musée McCord.

Au milieu des années 1860, Notman a soigneusement mis au point sa manière d’aborder la photographie post-mortem de bébés et d’enfants. Il existe plusieurs exemples américains de photographies d’enfants décédés entourés de leurs frères et sœurs, ou assis dans des chaises, les yeux ouverts, ce qui crée une image absolument obsédante. Notman préfère limiter les variations. Si certaines de ses premières images du genre incluent davantage de décor, soit le berceau, les couvertures et une robe recherchée, il semble avoir choisi de simplifier son style lorsqu’il photographie le bébé de Mme Hillard.

 

Comme c’est souvent l’habitude, l’enfant est exposé les yeux clos, comme une poupée ou un enfant tout simplement endormi. L’arrière-plan et la robe sont aussi légers et simples que possible. Le foyer est fait sur le visage encore beau de l’enfant, représenté aussi pur et innocent que possible, un effet que rehausse encore plus l’éparpillement de fleurs, dont une est insérée dans son petit poing. Si les archives sont vraiment précises, l’année 1868 connaît une augmentation abrupte du nombre de portraits d’enfants décédés produits par le studio. C’est cette même année que Fanny, la fille aînée bien-aimée de Notman, est emportée par une méningite à l’âge de onze ans.

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