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De une 1968-1969

De une, 1968-1969

Françoise Sullivan, De une, 1968-1969
Plexiglas, 243,8 x 73,7 cm 
Musée national des beaux-arts du Québec, Québec

Façonnée dans une unique feuille de Plexiglas, De une est une spirale translucide qui suggère le mouvement infini. Longue de presque deux mètres et demi et placée directement sur le sol, c’est une œuvre élégante d’une remarquable simplicité qui attire l’œil du récepteur et de la réceptrice qui peuvent la parcourir du regard sur toute sa longueur. Pour créer cette sculpture, Sullivan travaille à l’entreprise Hickey Plastics où les ouvriers, qui fabriquent des jouets et des articles ménagers, lui enseignent comment modeler cette matière malléable. La feuille de Plexiglas a été chauffée, moulée ensuite sur une forme cylindrique et modelée en une spirale régulière, dont toute la surface est d’égale largeur et de même épaisseur. Enfin, toutes les traces du processus ont été soigneusement effacées par polissage.

 

Spirale, 1969, par Françoise Sullivan.
Françoise Sullivan, Spirale, 1969, Plexiglas, 6,5 x 31 x 35,4 cm, photographie de Richard-Max Tremblay, Musée d’art contemporain de Montréal.
Endless Column (Version 1) (Colonne sans fin [Version 1]), de Constantin Brancusi, 1918.
Constantin Brancusi, Colonne sans fin (Version 1), 1918, chêne, 203,2 x 25,1 x 24,5 cm, Museum of Modern Art, New York.

Alors que les sculptures métalliques de Sullivan comme Chute concentrique, 1962, et Callooh Callay, 1967, réussissent à suggérer l’apesanteur malgré leur poids réel, De une franchit une nouvelle étape : elle semble se dématérialiser devant le regard du spectateur, quand la lumière la traverse et que ses bords disparaissent. Le motif de l’infini que suggère la spirale peut certes rappeler les importantes œuvres sculpturales réalisées plus tôt au vingtième siècle, comme Colonne sans fin, 1938, de Constantin Brancusi (1876-1957), mais elle évoque aussi la forme archétypale du cercle. Cette forme ponctue le travail de Sullivan tout au long de sa carrière, du mouvement en circonvolutions de son corps dans les danses qu’elle chorégraphie, aux accumulations de pierres qu’elle crée dans les années 1970 et jusqu’aux peintures circulaires des années 1980.

 

À la fin des années 1960, la sculpture minimaliste, qui réduit la forme au maximum de ses possibilités tout en limitant l’expressivité personnelle, est en pleine effervescence. Malgré le fait que Sullivan ait été très influencée par ce mouvement, son inclination personnelle la pousse à faire un art expressif et dynamique. En créant De une, elle réussit à simplifier la forme tout en restant fidèle à son intérêt pour le mouvement : « C’était la sculpture la plus minimale que je pouvais imaginer faire. »

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