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La ferme Choquette, Belœil 1901

Ozias Leduc, La ferme Choquette, Belœil, 1901

Ozias Leduc, La ferme Choquette, Belœil, 1901

Huile sur toile, 61,2 x 91,6 cm

Musée national des beaux-arts du Québec, Québec

Une maison de campagne au loin avec une grange, l’hiver. Nous sommes à Saint-Mathieu-de-Belœil et le lieu représenté est celui où ont grandi les frères Choquette sur la terre de leurs parents Joseph Choquette et Thaïs Audit dit Lapointe. La fertile vallée du Richelieu a été déboisée et les champs sont propices à l’agriculture. Des rangées de clôture et quelques jeunes ormes accentuent l’ampleur du lieu et l’impression d’isolement de la ferme. Les premiers essais de Leduc comme paysagiste datent de 1899-1900. Il s’inspire alors de Saint-Hilaire pour fournir le décor aux illustrations du roman du docteur Ernest Choquette, Claude Paysan, et il multiplie les pochades à l’huile peintes en plein air.

 

Ozias Leduc, La maison de la famille Choquette à Belœil, 1899, photographie tirée d’un négatif sur verre, BAnQ Vieux-Montréal.

Une occasion unique se présente de faire ses preuves dans ce domaine par le biais d’une commande importante que lui propose le juge Philippe-Auguste Choquette (1854-1948) afin de  produire trois grands tableaux portant sur la région de Saint-Hilaire. Tous trois datés de 1901, chacun prend pour thème une saison et un point de vue différent. La ferme Choquette, Belœil est associée à l’hiver, Les foins, à l’été et Labour d’automne, à la saison éponyme. Avait-on le projet initial d’un cycle complet de l’année? Auquel cas, la scène printanière n’a pas été peinte.

 

Les études pour ces tableaux montrent que Leduc a d’abord réalisé des dessins, des esquisses en plein air, des dessins préparatoires et des photographies. Le peintre confronte et assimile ces différentes méthodes de travail en vue de réaliser les trois tableaux. Chaque type d’œuvre préparatoire fournit des informations de nature diverse qui, une fois combinées, composent la scène finale. Les études sur le vif permettent de saisir la couleur locale, la photographie inscrit de manière plus objective la réalité de la nature et les dessins structurent la composition nourrie par les photos et les pochades.

 

Les tableaux, de format horizontal, forment de vastes perspectives dont le sujet principal se situe au plan moyen, sous la ligne d’horizon. La comparaison entre la photographie de la maison Choquette l’hiver et le tableau montre comment Leduc recadre la scène, rapprochant les maisons et le paysage à l’arrière-plan, déplaçant la clôture, ajoutant certains détails qui fournissent des indices spatiaux (deux ormes sur la gauche, graminées et oiseaux sur la droite) et en éliminant d’autres (poteau électrique).

 

L’art du paysagiste tient dans ce travail de réarrangement de la nature en vue d’une composition harmonieuse, auquel s’allie une recherche proprement picturale. C’est par le traitement de la couleur, ramenée à un camaïeu de blanc laiteux et de gris bleuté, rehaussée de quelques touches de brun, que Leduc unifie l’espace. De plus, il définit le traitement de la neige par un travail à la spatule qui lui donne une texture affirmant ainsi la nature comme surface picturale.

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