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Muhnedobe uhyahyuk [Là où les dieux sont présents] 1989

Robert Houle, Muhnedobe uhyahyuk [Là où les dieux sont présents], 1989

Muhnedobe uhyahyuk [Where the gods are present] (Muhnedobe uhyahyuk [Là où les dieux sont présents]), 1989 (Matthieu, Philippe, Barthélemy, Thomas)

Huile sur toile, quatre tableaux de 244 x 182,4 x 5 cm chacun

Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Réalisée pendant la résidence de Houle en 1989 à la Winnipeg Art Gallery, Muhnedobe uhyahyuk se compose de quatre peintures abstraites monumentales, chacune nommée d’après un apôtre et dérivée d’esquisses pour Pare-flèches de la dernière Cène, 1983. Sa production était un moyen de célébrer les origines du nom « Manitoba ».

 

Situé près de la maison d’enfance de Houle, le lieu sacré auquel il fait référence dans ces peintures est un phénomène naturel vénéré qui était légendaire et un lieu de pèlerinage pour les Saulteaux. C’est aussi l’endroit d’où la province du Manitoba tire son nom. Les Anishnabecs y réfèrent par Manitowapah ou manitou-pii-uhyàhuk. Il s’agit d’un endroit précis où le courant monte et descend sur un tronçon étroit du lac Manitoba, à environ 200 kilomètres au nord-ouest de Winnipeg. Lorsque l’eau frappe le calcaire poreux du rivage, cela produit un vrombissement étouffé qui ressemble au bruit de tambours lointains, créant le son de ke-mishomis-na-ug (« nos ancêtres »), que l’on croit être la voix de manitou. Pour les Saulteaux, les Narrows sont connus sous le nom de muhnedobe uhyahyuk qui signifie les « détroits divins », et se traduit par « là où les dieux sont présents ».

 

Robert Houle, Muhnedobe uhyahyuk [Là où les dieux sont présents] (Philippe), 1989
Robert Houle, Muhnedobe uhyahyuk [Where the gods are present] (Muhnedobe uhyahyuk [Là où les dieux sont présents]) (Philippe), 1989, huile sur toile, l’un de quatre tableaux de 244 x 182,4 x 5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
Robert Houle, Muhnedobe uhyahyuk [Là où les dieux sont présents] (Barthélemy), 1989
Robert Houle, Muhnedobe uhyahyuk [Where the gods are present] (Muhnedobe uhyahyuk [Là où les dieux sont présents]) (Barthélemy), 1989, huile sur toile, l’un de quatre tableaux de 244 x 182,4 x 5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

Dans cette œuvre, Houle emploie diverses techniques de peinture gestuelle, brossant l’espace et la lumière dans des pigments provenant de l’environnement naturel local — rouge, vert, bleu et ocre — une réponse vibrante à la terre, à la lumière et au ciel du paysage des Prairies du Manitoba. Bien qu’avec une ligne d’horizon picturale ambiguë, les peintures font allusion au paysage, Houle n’a pas créé les œuvres en tant que peintures de paysage. Ce sont plutôt des « paysages pour l’esprit ».

 

Au début de sa carrière, en cours de résidence durant l’hiver, Houle peint dans un atelier au sous-sol de la Winnipeg Art Gallery, et il rencontre des difficultés à mélanger les couleurs en raison du manque de lumière naturelle. La couleur est pourtant essentielle à sa méthodologie. Pour prendre du recul, il décide de faire une pause et voyage en autobus vers le nord-ouest jusqu’à Elphinstone, au Manitoba, pour rendre visite à son beau-frère. Pendant le voyage, il est frappé par le paysage aride entre Portage la Prairie et sa destination, se rappelant comment, un jour gris au milieu de l’hiver, dans un paysage de prairie, la démarcation entre la terre et le ciel disparaît presque totalement, donnant l’apparence d’un mur monochromatique, sans relief, bidimensionnel, semblable à une peinture abstraite. Lorsqu’il fait part à sa famille des défis de peindre dans un espace sans fenêtre, un parent lui a fait remarquer « qu’il y a de la couleur dans la neige ». De retour à Winnipeg, Houle mélange ses couleurs à la lumière du jour.

 

Muhnedobe uhyahyuk est une œuvre de réappropriation et de reconquête du Manitoba. L’œuvre a été présentée à sa première exposition solo, Robert Houle: Indians from A to Z (Robert Houle : les Indiens de A à Z), dans une galerie d’art publique canadienne, précisément la Winnipeg Art Gallery, en 1990. La résidence permet à Houle d’explorer et de renouer avec son identité des Plaines. C’est la première fois qu’il réalise à quel point la lumière naturelle joue un rôle important dans le mélange des couleurs et qu’il découvre la spiritualité ressentie par la lumière directe du soleil.

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