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Souvenir de ma vie : casser des bouteilles 2001-2002

Souvenir de ma vie : casser des bouteilles, 2001-2002

Annie Pootoogook, Memory of My Life: Breaking Bottles (Souvenir de ma vie : casser des bouteilles), 2001-2002

Crayon de couleur et encre sur papier, 51 x 66 cm

Collection de Stephanie Comer et Rob Craigie

Souvenir de ma vie : casser des bouteilles documente la frustration croissante d’Annie Pootoogook face aux ravages de l’alcoolisme dans sa famille. Le dessin est une scène extérieure qui montre une jeune femme cassant des bouteilles sur un rocher derrière une maison. On peut voir une personne qu’on ne peut identifier, à l’extrême gauche, portant un parka et qui entre dans la maison par la porte de côté. Une fenêtre ouverte permet au spectateur de voir directement dans la maison, face au mur intérieur opposé. Ce dispositif artistique produit un effet troublant, car il semble aplatir la maison et effacer toute illusion de profondeur, avec pour résultat d’enfermer la femme derrière la maison dans ce qui semble être un espace bidimensionnel.

 

Napachie Pootoogook, Untitled [Alcohol] (Sans titre [Alcool]), 1993-1994, crayon de couleur et encre sur papier, 50,8 x 66 cm, collection d’Edward J. Guarino.

La crudité de certains dessins d’Annie, qui traitent de sujets difficiles liés à la violence ou à la toxicomanie, dont Souvenir de ma vie : casser des bouteilles, attire l’attention du public du Sud. L’artiste en vient à être presque exclusivement connue pour son interprétation originale et courageuse du Nord. Ces représentations ne sont pas traditionnelles dans l’art inuit, c’est pourquoi la franchise d’Annie quant aux problèmes de sa communauté devient le point de mire et le trait le plus commenté de son œuvre.

 

Dans les œuvres de ce style, Annie finit par admettre qu’elle se représente elle-même : c’est elle la jeune femme qui casse des bouteilles sur un rocher. Elle explique : « une fois, j’ai dessiné que je cassais des bouteilles parce que j’en avais assez des gens qui boivent à tous les jours. Alors j’ai dû casser […] je casse leurs bouteilles sur le rocher pour qu’ils ne boivent pas demain. Je pense que j’ai fait du bon travail ».

 

Aussi radical soit-il, Souvenir de ma vie : casser des bouteilles n’est pas sans précédent. Annie est influencée par l’art de sa mère, Napachie Pootoogook (1938-2002), qui luttait contre des problèmes de santé mentale et d’abus qu’elle n’avait pas peur d’exhiber dans les dessins réalisés au cours des dernières années de sa vie. Son œuvre suscite une forte réaction en 1999, dans le cadre de l’exposition Trois femmes, trois générations : dessins de Pitseolak Ashoona, Napatchie [sic] Pootoogook et Shuvinai Ashoona à la Collection McMichael d’art canadien, à Kleinburg, en Ontario, et au Musée des beaux-arts de Winnipeg. Les dessins tardifs de Napachie ont sans doute marqué la sensible Annie. Tout comme sa mère, elle traduira son expérience personnelle en image.

 

L’artiste contemporain Rob Craigie et sa femme Stephanie Comer de Chicago achètent Souvenir de ma vie : casser des bouteilles. Ces collectionneurs, et quelques autres, reconnaissent très tôt l’importance du travail d’Annie et acquièrent un nombre important de ses oeuvres. Ils ont rendu leur collection accessible au public par l’entremise de leur site Web, Expanding Inuit.
 

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