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Robe avec boîte à insectes 1998

Gathie Falk, Robe avec boîte à insectes, 1998

Gathie Falk, Dress with Insect Box (Robe avec boîte à insectes), 1998
Papier mâché, peinture acrylique et vernis, 90 x 60 x 55 cm
Musée des beaux-arts de Vancouver

Mesurant quatre-vingt-dix centimètres, Robe avec boîte à insectes, de Gathie Falk, est une petite robe faite de papier mâché peint et vernis. Rendue dans ce matériau, la forme de la robe donne l’impression qu’un corps l’habite; ce corps intangible est non idéalisé et la robe est quelque peu démodée, avec son haut collet arrondi et ses manches bouffantes s’arrêtant aux coudes. Falk démontre son immense talent de peintre dans le traitement de la surface de la robe, comme si, avec les variations subtiles de couleurs, elle traduisait l’objet tridimensionnel dans les deux dimensions de la peinture sur toile. Au bas, sur le devant de la robe, deux incisions créent une petite section rectangulaire qui, pliée, forme une tablette sur laquelle est posée une boîte à insectes contenant six papillons de nuit faits à la main, leurs ailes plus ou moins ouvertes, dans différentes positions.

 

Gathie Falk, Dress with Candles (Robe avec chandelles), 1997, papier mâché, peinture acrylique et vernis, environ 91,5 x 61 x 61 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

En 1997, après vingt ans passés à se consacrer à la peinture, Falk revient aux œuvres en trois dimensions avec une série de robes en papier mâché. Chacune déploie une petite tablette à l’avant et porte un titre selon ce qui y est présenté : Dress with Candles (Robe avec chandelles), 1997, par exemple, exhibe quatre chandelles en papier mâché, faisant écho aux flammes dans certaines sculptures de la série Picnics (Pique-niques). Robe avec boîte à insectes évoque aussi une imagerie récurrente dans la pratique de Falk. Elle décrit la boîte à insectes comme contenant « ce qui est mort pour le rendre plus acceptable, une chose plus agréable ».

 

Les robes font allusion à une figure humaine, sans que celle-ci ne soit présente, et ont un lien évident avec les chaussures céramiques de Falk des années 1970. Dans un essai pour le catalogue de la rétrospective de l’artiste, présentée au Musée des beaux-arts de Vancouver en 2000, le commissaire Bruce Grenville fait judicieusement remarquer qu’il y a, dans l’œuvre de Falk, une incidence récurrente d’un « substitut inquiétant capable d’exprimer une présence corporelle ». Parmi ces substituts, il cite bien entendu les robes et les chaussures, mais aussi, la peau de ses fruits et la surface de ses trottoirs.

 

La série des Robes, qui semble être une digression dans la trajectoire de Falk, se révèle comme une autre manifestation de l’expression sensible à travers un objet inanimé. Les robes sont conçues pour être présentées dans l’exposition Traces, organisée en 1998 à la Equinox Gallery de Vancouver. Entre autres œuvres rassemblées, on pouvait y voir des tableaux, des chaussures en boîtes, des estampes de pieds féminins aux chevilles croisées et une table ornée de petits objets, dont certains en céramique.

 

Comme c’est le cas pour une grande partie de l’œuvre de Falk, les robes lui apparaissent d’abord comme une puissante image mentale, y compris la tablette sur l’ourlet de la robe. Elle cherche ensuite la meilleure façon de créer ce qu’elle a imaginé. Même si elle penche d’abord pour la céramique, elle réalise que ce matériau alourdirait les sculptures et finit par se tourner vers le papier mâché, utilisant délibérément les pages du Vancouver Sun et soulignant que « bien des gens sont intégrés dans ces œuvres ». Selon l’artiste, la robe et les objets posés sur sa tablette, par exemple la boîte à insectes, sont conçus pour cohabiter l’un et l’autre dans un état de « tension significative ».

 

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