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Ciel nocturne no 16 1979

Gathie Falk, Ciel nocturne no 16, 1979

Gathie Falk, Night Sky #16 (Ciel nocturne no 16), 1979
Huile sur toile, 157,5 x 120,6 cm
Collection de Ivan Fecan et Jae Kim

Vingt-deux tableaux composent la série Night Skies (Ciels nocturnes), l’une des premières que Gathie Falk réalise en reprenant la peinture, en 1977, après une interruption de onze ans. Dans Ciel nocturne no 16, l’artiste maîtrise clairement son sujet, comme en témoigne la présence subtile d’une couleur pâle et vaporeuse qui émane du bas de la composition et qui vient troubler le champ chromatique bleu nuit, créant une profondeur, une atmosphère et un mystère grâce à une remarquable économie d’expression visuelle. Alors que les autres tableaux de la série tendent vers des représentations plus complexes de ce qui compose le ciel nocturne, cette œuvre révèle une poignée d’étoiles à cinq branches et juste assez de variations de couleurs et de formes pour rendre le sujet identifiable et stimuler l’imagination du spectateur. Même si, en théorie, le sujet de Falk est d’apparence simple – un arrière-plan foncé tacheté de points de lumière –, son approche de la composition est loin d’être facile.

 

Comme l’explique la critique d’art Robin Laurence, chacune des images de la série est élaborée à partir d’un fond extrêmement complexe qui tient en une sous-couche composée de marques croisées d’ocre jaune, de terre d’ombre naturelle, de bleu outremer, de bleu de phtalocyanine, de vert, de cramoisi d’alizarine et de terre de Sienne naturelle. Cette base est ensuite recouverte d’une combinaison de bleu outremer et de terre d’ombre dilués, que Falk étale hâtivement sur la toile pour éviter de laisser des traces de pinceau sur la surface. Cet effet tire ses origines de l’abstraction en all-over, bien que plusieurs des Ciels nocturnes révèlent des éléments de figuration : certains sont plus subtils, avec des points d’étoiles scintillantes, et d’autres plus évidents, avec des nuages et autres effets atmosphériques qui rompent l’obscurité.

 

Gathie Falk, Night Sky #6 (Ciel nocturne no 6), 1979, acrylique sur toile, 197,5 x 167,6 cm, collection privée, Mississauga.
Gathie Falk, Heavenly Bodies Again #20 (Corps célestes bis no 20), 2016, huile sur toile, 121,9 x 121,9 cm, collection de l’artiste.

Falk décrit la série des Ciels nocturnes – et celle qui suit, Pieces of Water (Fragments d’eau), 1981-1982 –, comme du « réalisme personnel, car elles représentent [sa] réaction personnelle et affective à [son] environnement ». Même si cette déclaration est liée à un moment très précis dans sa pratique, elle décrit aussi bien la plupart des œuvres de l’artiste. Dans « To Be a Pilgrim », une analyse intime de l’œuvre de Falk, l’auteure Robin Laurence décrit la façon dont un caniche, offert à l’artiste par son époux alors que leur court mariage était en déclin, la force à s’intéresser au monde qui existe au-delà de sa maison et de son jardin. Un soir, en sortant promener son chien, elle lève le regard vers le ciel, qui l’a toujours fasciné, et entend les mots, « Peins le ciel! Peins le ciel nocturne! ».

 

Dans une entrevue accordée en 1984 à Nicholas Tuele, alors conservateur de la Art Gallery of Greater Victoria, Falk déclare : « J’ai sans cesse l’impression de ne jamais arriver à tout dire en une seule peinture. La création d’une peinture me mène toujours vers d’autres façons de faire le même genre de chose. Je continue donc à travailler jusqu’à ce qu’il y ait une exposition, ce qui m’arrête, puis l’exposition suivante doit être différente… ».

 

Falk aborde de nouveau le thème du ciel nocturne dans deux séries ultérieures, Heavenly Bodies (Corps célestes), 1999-2005, et Heavenly Bodies Again (Corps célestes bis), 2015-2016. Bien que les œuvres subséquentes figurent des motifs célestes plus flagrants, elles sont encore moins liées à l’apparence de la réalité que la première série sur le sujet.

 

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