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Le Titanic, le Nascopie et l’Arche de Noé 2008

Shuvinai Ashoona, Le Titanic, le Nascopie et l’Arche de Noé, 2008

Shuvinai Ashoona, Titanic, Nascopie, and Noah’s Ark (Le Titanic, le Nascopie et l’Arche de Noé), 2008
Encre et crayon de couleur sur papier, 122 x 241 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Shuvinai Ashoona n’est pas encore née quand le Nascopie fait naufrage en 1947, mais elle en a probablement entendu parler par les anciens. Pendant de nombreuses années, le RMS Nascopie dessert les camps de la Compagnie de la Baie d’Hudson et approvisionne les villages éloignés en nourriture, vêtements et autres biens. Le 21 juillet 1947, près de l’île Beacon, à l’entrée du havre de Cape Dorset, le navire éperonne un récif qui ne figure pas sur les cartes. Les Inuits de la communauté tentent l’impossible pour récupérer la marchandise des eaux glaciales. Lors d’une tempête le 25 septembre, le cargo se libère du récif, il casse en deux et la proue coule sous l’eau. Toujours accrochée au récif, la poupe est finalement arrachée par un autre coup de vent moins d’un mois plus tard. Le naufrage du Nascopie figure dans les œuvres de beaucoup d’artistes de la région.

 

Art Canada Institute, Shuvinai Ashoona, Sinking Titanic, 2012
Shuvinai Ashoona, Sinking Titanic (Le naufrage du Titanic), 2012, mine de plomb, crayon de couleur et stylo-feutre fin sur papier, 124,5 x 122 cm, Winnipeg Art Gallery.

Le Titanic, le Nascopie et l’Arche de Noé est un dessin de grandes dimensions au titre étonnamment précis pour Shuvinai. Elle fait partie de l’exposition Noise Ghost: Shuvinai Ashoona and Shary Boyle, 2009, à la Justina M. Barnicke Gallery à Toronto. C’est un exemple phénoménal de l’une des nombreuses représentations que fait Shuvinai du navire. Dans ce grand dessin, on aperçoit la proue du Nascopie à gauche. Sur le flanc, on peut lire les noms « Titanic », « Nascopie » et « Noah’s Ark ». Le cargo pourchasse un calmar géant qui, lui, traque quatre petites barques de pêche fuyant vers la droite. À l’arrière-plan, un paysage rocailleux très détaillé est riche des couleurs estivales. Au centre, on distingue une grotte d’où émerge une ourse polaire ailée qui rugit devant le calmar pour protéger ses trois jeunes derrière elle.

 

La scène marie le quotidien et le fantastique, laissant au spectateur le soin de déterminer quel est son message exact. C’est là que se situe l’ingéniosité de l’approche de Shuvinai. Que symbolise le calmar géant? Le navire le pourchasse-t-il? Le bateau lui-même est intrigant : chacun des navires évoqués dans le titre a connu un parcours épique et une fin dramatique. En faisant allusion à ces trois bateaux et en adaptant leur histoire aux films qu’elle a vus et aux récits qu’elle a entendus, Shuvinai implique un événement apocalyptique. L’œuvre met en relief la tendance de Shuvinai à s’inspirer de différentes périodes et à les réunir, fusionnant le passé, le présent et un avenir incertain dans un contexte imaginaire qui puise aussi dans la mémoire et la vraie vie.

 

Dans le même ordre d’idée, Le naufrage du Titanic, 2012, est la vision que propose l’artiste de la catastrophe maritime la plus célèbre survenue un siècle auparavant. On voit des passagers qui tombent à l’eau en criant, les bras tendus. Il s’agit sans aucun doute d’une interprétation basée sur le film Titanic de James Cameron (1997), un de ses préférés. Puisque le Nascopie est une histoire bien réelle de Cape Dorset, il est possible que les naufrages aient plus de pertinence pour l’artiste, évoquant chez elle un sentiment de perte.

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