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Infanterie, près de Nimègue, Hollande 1946

Alex Colville, Infanterie, près de Nimègue, Hollande, 1946

Alex Colville, Infantry, Near Nijmegen, Holland (Infanterie, près de Nimègue, Hollande), 1946
Huile sur toile, 101,6 x 121,9 cm
Collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa

Colville réalise ses premières œuvres au cours de son service en tant qu’artiste de guerre officiel durant la Seconde Guerre mondiale. Puisqu’il s’engage dans l’armée dès la fin de ses études à l’Université Mount Allison au Nouveau-Brunswick, Colville considère que sa production des années de guerre ne révèle pas vraiment son éventuel développement en tant qu’artiste. Son sentiment de n’avoir pas livré sa première œuvre de maturité avant 1950, soit quatre ans après avoir peint ce tableau à partir de croquis dessinés en 1945, est abondamment cité. Toutefois, cette peinture laisse présager de nombreuses préoccupations exprimées dans ses œuvres de plus grande maturité.

 

Art Canada Institute, Alex Colville, Infantry, 1945
Alex Colville, Infantry (Infanterie), 1945, crayon sur papier, 19 x 22,6 cm, Collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa. Cette œuvre préliminaire est l’une des dix-sept esquisses du Musée canadien de la guerre associées à Infanterie, près de Nimègue, Hollande, représentant le Royal Winnipeg Rifles marchant le long d’une route hollandaise.

Comme par exemple ici, la composition reflète les obsessions géométriques déployées dans les œuvres ultérieures de Colville, avec une vive forme diagonale traversant la toile, du coin supérieur gauche au coin inférieur droit du plan pictural. Les soldats canadiens qui traversent le bourbier de l’estuaire de l’Escaut en Hollande sont représentés sous la forme d’une série de figures qui avancent d’un pas lourd en arrière-plan, leur poids collectif semblant pousser la figure en tête dans notre espace visuel. Colville adopte le point de vue de l’homme qui devance la filée et qui regarde en arrière alors qu’il amorce un léger virage suggéré par le sillon rempli d’eau parallèle à leur trajectoire de marche.

 

Des lignes diagonales légèrement incurvées apparaissent souvent dans les compositions de Colville, par exemple dans Horse and Train (Cheval et train), 1954, Soldier and Girl at Station (Soldat et fille à la gare), 1953, West Brooklyn Road (Chemin West Brooklyn), 1996 et Traveller (Voyageur), 1992. Cette technique rompt la géométrie rigide de la composition, en conférant de la douceur aux lignes dures qui sont à la base de toutes les images de Colville. Peint à Ottawa après son retour d’outre-mer, ce tableau est une image composite : les mains de la figure principale sont modelées sur les mains de l’artiste, alors que le visage s’inspire de celui de son père : « Je voyais mon père comme une sorte de caporal », explique Colville.

 

En plus de L’infanterie, près de Nimègue, le Musée canadien de la guerre possède dans sa collection de la Seconde Guerre mondiale des centaines de peintures, de dessins et d’aquarelles de Colville. Bien que ce tableau n’ait pas l’accent dramatique de Cheval et train et d’autres œuvres des années 1950, il contient les germes de la préoccupation de Colville sur la place de l’être humain dans un monde brisé. Ces personnages avancent à force de volonté, une volonté déclenchée par les ordres d’autrui, mais soutenue par leur seule volonté individuelle d’agir.

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