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Sans titre [Dessin automatique] 1948

Marion Nicoll, Sans titre [Dessin automatique], 1948

Marion Nicoll, Untitled [Automatic Drawing] (Sans titre [Dessin automatique]), 1948
Aquarelle sur papier, 30 x 22,5 cm
Musée des beaux-arts de l’Alberta, Edmonton

Cette aquarelle, peinte le 21 novembre 1948 à 11 heures, montre l’énergie vigoureuse déployée par Marion Nicoll dans la création automatique. Elle manie le pinceau avec vivacité et applique des lavis colorés et fluides qui dessinent une série de traits rapprochés, parfois entrecroisés, et des formes biomorphiques telles des amibes. L’image n’a ni début ni fin et n’a pas de signification ou de symbolisme intentionnel. L’aquarelle semble la matière la plus appropriée au procédé, car la dilution de la peinture en fines couches ouvre la composition à l’influence du hasard, une pratique fondamentale de l’automatisme. Le fait que Nicoll ait signé et daté l’image de forme carrée, occupant les deux tiers supérieurs de la feuille, et qu’elle l’ait fermement bordée d’un trait noir suggère qu’elle était satisfaite du résultat. Son annotation du temps de manière aussi précise témoigne de la constance avec laquelle elle crée des œuvres automatiques – tel qu’est décrit cet ensemble d’œuvres – à cette époque de sa vie, notant même l’heure de la journée à laquelle elle peint.

 

Jock Macdonald, Orange Bird (Oiseau orange), 1946, aquarelle sur papier, marouflé, 18,5 x 26,4 cm, The Robert McLaughlin Gallery, Oshawa.

Après deux décennies d’insatisfaction quant à l’orientation de son travail paysagiste, Nicoll s’éloigne du naturalisme, mais son engagement envers son environnement demeure constant sa vie durant. En 1946, son collègue Jock Macdonald (1897-1960) l’initie à l’automatisme alors que les deux artistes enseignent dans le cadre du programme d’été de la Banff School of Fine Arts en Alberta. Ce dernier a produit un grand nombre d’aquarelles automatiques, dont Orange Bird (Oiseau orange) and Fish Playground (Terrain de jeu pour poissons), toutes deux de 1946.

 

Travailler automatiquement consiste à travailler intuitivement d’après ses pensées intérieures en laissant le pinceau ou le crayon bouger librement, sans se référer au monde extérieur. Nicoll explique : « Prendre un crayon, être dans un endroit calme, poser le crayon sur le papier et rester assis jusqu’à ce que la main bouge d’elle-même. Faire cela tous les jours… et continuer à le faire. Cela se produit sans aucun effort. » Nicoll adopte les théories du psychologue moderne Carl Jung selon qui l’inconscient retient toutes les expériences vécues et qu’il est possible de se les remémorer grâce à une profonde réflexion. Elle se souvient : « On n’oublie rien de ce que l’on a appris ou éprouvé. » En ouvrant une voie vers l’inconscient, la pratique de l’automatisme permet à Nicoll d’accéder à son monde intérieur empli de fantaisie et d’imagination.

 

Les œuvres automatiques que Nicoll crée à l’aquarelle, à l’encre et au crayon dans ses carnets de croquis sont pour elle des exercices privés. Suivant ses premières expériences de la fin des années 1940, elle continue d’en produire pendant le reste de sa carrière, réalisant des dizaines de dessins, et avouant à son amie artiste Janet Mitchell (1912-1998) : le processus « se compare à une profonde méditation pour moi ». Plus tard, elle déclare : « Je suis absolument convaincue que c’est l’apprentissage du dessin automatique qui m’a lancée comme peintre abstraite. »

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