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Rhododendron en flammes 1990

Rhododendron en flammes, 1990

Mary Pratt, Burning the Rhododendron (Rhododendron en flammes), 1990
Aquarelle et pastel sur papier, 127,6 x 239,4 cm
Financière Sun Life Canada, Toronto

Avec plus de deux mètres de large, Rhododendron en flammes est l’une des plus grandes œuvres de Mary Pratt. L’artiste a pu considérer ce format grâce à un changement dans ses méthodes de travail : le passage de l’huile sur panneau ou sur toile aux techniques mixtes — aquarelle et craie, ou pastels à l’huile sur papier. Pratt réalise cette œuvre en un an, après avoir présenté une série de ses dessins de feu à la Galerie Mira Godard, à Toronto, dans le cadre d’une exposition intitulée Flames (Flammes).

 

Mary Pratt, Christmas Fire, 1981
Mary Pratt, Christmas Fire (Feu de Noël), 1981, huile sur masonite, 76,2 x 59,7 cm, collection Lavalin, Musée d’art contemporain de Montréal.

La lumière a toujours été le sujet principal de Mary Pratt, capturée alors qu’elle joue sur la surface des objets, transformant le prosaïque en sensuel et en érotique. On le constate dans le jeu de lumière éphémère de The Bed (Le lit), 1968, ou sur les écailles du poisson dans Salmon on Saran (Saumon sur Saran), 1974. Cependant, sa série d’œuvres ayant pour thème le feu ne porte pas tant sur la façon dont la lumière transforme les objets que sur la lumière elle-même en tant que fabuleuse destructrice. Comme l’écrit Tom Smart, « dans les dessins de feu de joie, elle représente la lumière elle-même au moment de sa création alors qu’elle consume la matière. » Tirée d’une photographie restituant le brûlage d’un rhododendron mort dans son jardin, cette œuvre fait référence à l’histoire biblique de l’apparition de Dieu à Moïse sous forme de buisson ardent et aborde clairement le pouvoir révélateur de la lumière. Des vitraux de son église locale aux bocaux remplis d’eau colorée qu’elle laissait sur le rebord de sa fenêtre, la fascination de Mary Pratt pour la lumière ne l’a jamais quittée.

 

Pratt confie à Smart, « le feu devait être vif ». À propos d’une œuvre antérieure de cette série, Pratt écrit : « Le mélange négligé d’un matériau à base d’eau et d’un matériau à base de cire m’a permis de rendre ce feu de joie. » Pratt n’y recherche pas la mesure et le réalisme qui caractérisent une grande partie de sa peinture à l’huile, mais un effet plus immédiat. Elle ajoute : « C’est une image aussi virevoltante et éphémère que l’est vraiment un feu de joie. » 

 

Pratt peint ces images avec tout son corps, généralement debout, une manière qui lui permet d’échapper à sa façon habituelle de travailler, à l’étroit, assise ou accroupie au chevalet en se retournant constamment pour voir sa diapositive. « Elle pouvait se tenir debout sur son chevalet », écrit Tom Smart, « se déplacer, utiliser tout son corps pour faire des marques sur le papier. » Elle travaille ainsi pendant plusieurs années, jusqu’à ce que ses problèmes de santé persistants, en particulier l’arthrite, l’empêchent de peindre à une si grande échelle.