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Trois chats noirs 1955

Trois chat noirs, 1955

Maud Lewis, Three Black Cats (Trois chats noirs), 1955
Huile sur carton-pâte, 30,5 x 30,7 cm
Collection privée

Cette œuvre compte parmi les plus emblématiques de Maud Lewis, peut-être même qu’il s’agit de sa composition la plus célèbre. Enfant, l’artiste avait un chat nommé « Fluffy » dont elle se souviendra des années plus tard, en peignant de nombreuses versions de ce chat noir à poil long de la maison de Yarmouth. Habituellement représentés avec deux chatons, les chats noirs font partie des sujets les plus courants et les plus populaires de Lewis. Dans ce tableau, les chats sont encadrés par deux branches de fleurs de pommiers et sont assis dans un lit de tulipes. En plus de ses « portraits » de chats noirs, elle a aussi peint des chats blancs, quoiqu’habituellement sans chatons, et, à une reprise, un chat gris avec son jeune maître (une commande).

 

Maud Lewis, White Cat [2] (Chat blanc [2]), années 1960, huile sur carton-pâte, 31,1 x 33,8 cm, Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, Halifax.
Maud Lewis, Untitled [boy with grey cat] (Sans titre [garçon et chat gris]), 1969, huile sur masonite, 30 x 30,5 cm, collection privée.

Pour créer ces images, Lewis imagine des motifs de composition simples, mais efficaces, notamment les anneaux jaunes pour les yeux, les trois vigoureuses touches de couleurs pour les tulipes et les fleurs de pommiers semblables à de la dentelle, qui sont peints à l’aide de touches répétitives de couleurs. La planéité de cette image, avec les chats assis au premier plan contre un arrière-plan en aplat, en fait une illustration remarquable et puissante, à l’instar d’un drapeau ou d’un logo. C’est aussi cette qualité qui rend le tableau si facile à peindre, une considération importante, surtout pendant les années 1960, pour une image qui fait partie des meilleurs vendeurs de Lewis.

 

L’attention médiatique dont elle commence à faire l’objet au milieu des années 1960 provoque un énorme engouement pour ses tableaux et elle peine à répondre à la demande. Elle peint cette image des dizaines, voire des centaines, de fois. Dans les dernières années avant sa mort, les chats sont tracés avec des pochoirs préparés par Everett, tout comme les autres compositions populaires souvent commandées par des clients. Son mari l’aide aussi dans la production de plusieurs des œuvres, dessinant le contour des figures centrales et peignant même certains arrière-plans.

 

Trois chats noirs présente certaines similitudes, sur le plan de la composition et non du contenu, avec la peinture d’icône traditionnelle de l’Église orthodoxe orientale. Ces peintures religieuses officielles sont très stylisées, souvent restreintes en matière d’iconographie et répétitives. L’éducateur en art Harold Pearse soutient que des tableaux tels que Trois chats noirs « sont emblématiques, non seulement par leur sujet et leur style limités, mais aussi par leur répétition, ils créent un récit en série et en continu ». Autrement dit, la réitération dans l’œuvre de Lewis raconte sa version idéalisée du passé néo-écossais.

 

Au cours des dernières années, grâce à ses grandes qualités graphiques, l’image des Trois chats noirs a pu être facilement adaptée sous différentes formes. On la trouve sur des épinglettes, des aimants de réfrigérateur, des tabliers, des t-shirts, des chaussettes, des porte-poussières, des parapluies, des plateaux et même des linges à vaisselle. Il s’agit là d’une diffusion appropriée puisque Lewis avait justement tendance à s’inspirer de tels biens de consommation ainsi ornementés.

 

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