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Première neige d’automne 1916

Tom Thomson, Première neige d’automne, 1916

Tom Thomson, Première neige d’automne (First Snow in Autumn), 1916

Huile sur bois, 12,8 x 8,2 cm

Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Thomson décide de représenter la première neige de la saison, probablement à la fin d’octobre ou au début de novembre 1916. Il le fait d’une manière qui transforme les quelques centimètres carrés de la surface en un maelstrom de pigment minutieusement ordonné, mais animé au point du chaos.

 

Art Canada Institute, Tom Thomson, Première neige, parc Algonquin, 1916
Tom Thomson, Première neige, parc Algonquin, 1916, huile sur toile collée sur bois, 22,2 x 26,7 cm, collection particulière. Cette combinaison d’une scène nocturne et d’une scène d’hiver représente un défi que Thomson relève avec grande inventivité au niveau de la composition et aussi par le recours à une palette de couleurs peu commune, mais efficace.

Dans Première neige d’automne, en supprimant toute finesse d’exécution ou d’organisation, Thomson atteint la liberté à laquelle il aspire depuis trois ans. À en juger par les œuvres de sa dernière année, il cherche éperdument à exprimer émotion et passion. Les questions d’échelle et de vérité – faire paraître l’acte de peindre simple et spontané – se manifestent également dans son œuvre. À peine quelques semaines après avoir peint cette petite image, il s’attaque à dix toiles de grand format, une entreprise de taille.

 

Dans cette petite esquisse exécutée avec seulement trois couleurs de base (un blanc, un bleu-gris et un étrange mélange de bruns aux accents tantôt verdâtres, tantôt gris-orangés profonds), Thomson crée un véritable joyau, scintillant et plein de vie. La composition a aussi une certaine profondeur, la scène est distincte et spécifique, et sa justesse étaye le caractère improvisé et compulsif de sa surface.

 

En y regardant de plus près, on se rend compte à quel point elle est habilement exécutée et qu’il s’agit presque d’une œuvre abstraite. Les couches épaisses de peinture et la touche en apparence irréfléchie de cette esquisse rappellent Pins au coucher du soleil (Pine Trees at Sunset), 1915. Mais l’ordre qui y règne préfigure l’« action painting » de Willem de Kooning (1904-1997), tandis que la liberté avec laquelle s’épanche la matière picturale évoque les toiles plus tardives et de plus grand format de Jackson Pollock (1912-1956).

 

Réalisée environ au même moment que Première neige d’automne, l’esquisse à l’huile Première neige, parc Algonquin (Early Snow, Algonquin Park) aborde tout autrement le phénomène de l’hiver. Elle consiste en une scène de forêt inhabituelle (avec un arbre tombé qui crée une diagonale à l’effet dramatique), mais importante en raison de son traitement. Une lumière rose nimbe la neige au premier plan – une couleur audacieuse et inattendue mise en valeur par le rideau d’arbres plus sombre qui la découpe. Des ombres gris bleutées se joignent au rose et forment une importante bande au premier plan. Pour s’assurer que le spectateur accepte ces teintes « artificielles », Thomson recourt à une autre couleur étrange – un turquoise éclatant – pour le ciel.

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