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Autoportrait 1957

William Kurelek, Autoportrait, 1957

William Kurelek, Self-Portrait (Autoportrait), 1957

Aquarelle, gouache et encre sur papier, 47,5 x 38 cm

Collection Thomson, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Ce tableau est la première œuvre majeure que Kurelek a peinte après sa conversion formelle au catholicisme. Il la complète dans une période d’activité intense. L’encadreur F.A. Pollak Ltd., où il travaille à Londres, ferme ses portes durant le mois d’août pour sa pause estivale habituelle. Kurelek utilise ce temps pour peindre et pour écrire une centaine de pages de son autobiographie, Someone With Me (Quelqu’un avec moi) (1973, 1980). Il passe aussi une semaine avec le père Thomas Lynch, un prêtre catholique qui l’avait guidé au cours de sa conversion.

 

Art Canada Institute, William Kurelek,
William Kurelek, Trompe-l’oeil with a Fisherman’s Fly (Trompe-l’œil avec une mouche de pêche), 1955, techniques mixtes sur panneau, 17,1 x 19 cm, collection particulière.

Le tableau annonce la nouvelle perspective de l’artiste qui y superpose de nombreuses couches d’imagerie. Comme dans son autoportrait de 1950, Portrait de l’artiste en jeune homme, cette œuvre communique l’histoire de sa vie en mettant en scène de multiples récits. Par contre, alors que l’autoportrait de 1950 souligne la façon dont Kurelek maîtrise la profondeur visuelle, celui-ci de 1957 révèle sa considérable habileté pour le trompe-l’œil. Le visage de Kurelek, nettement plus vieux et plus sage, est parallèle au plan du tableau et confronte le spectateur en même temps qu’il regarde au-delà de lui. Le langage corporel et l’expression de Kurelek ne nous invitent pas à entrer dans son monde intérieur, mais nous demandent au contraire de nous faire les témoins de tout ce qu’il a surmonté.

 

Le personnel et l’universel s’imbriquent dans le mur impénétrable d’images qui recouvrent l’arrière-plan peu profond du tableau : d’une reproduction de Regardez l’homme sans Dieu, 1955, jusqu’à une carte postale citant un extrait des Confessions de saint Augustin, un dessin d’une âme damnée, et des photographies du père Lynch, du père de Kurelek et de Margaret Smith, l’ergothérapeute de Kurelek à Maudsley. Des images du visage du Christ sur le suaire de Turin de la basilique Notre-Dame-du-Rosaire et de sainte Bernadette Soubiros attestent des premiers pèlerinages de Kurelek à Lourdes, d’abord en 1956, puis en 1958.

 

Arborant des couleurs plus douces que celles de son premier autoportrait, ce tableau de 1957 se veut également une affirmation d’humilité désintéressée et un serment pictural contre les incursions dans les sombres fantaisies qui caractérisent ses œuvres précédentes, notamment Le labyrinthe, 1953, et Regardez l’homme sans Dieu, 1955.  À partir des années 1960, les œuvres de Kurelek commencent à osciller entre celles qui célèbrent la beauté de la création et d’autres qui sondent sans merci l’horreur apocalyptique.

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