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64 portraits-études 1976-1978

Arnaud Maggs, 64 portraits-études

Arnaud Maggs, 64 Portrait Studies (64 portraits-études), détails, 1976-1978
64 épreuves à la gélatine argentique, 40,4 x 40,4 cm chacune, image seule : 37,9 x 38,2 cm chacune
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Sur un fond texturé, Arnaud Maggs a photographié seize femmes et seize hommes. Composée de quatre rangées de portraits noir et blanc de même taille, l’œuvre 64 portraits-études présente au spectateur des images neutres des trente-deux modèles, épaules nues exposées. Les première et deuxième rangées de la composition sont formées des portraits de ses sujets féminins, les vues de profil et de face présentées en alternance, en commençant par les clichés présentés ici. Les portraits de ses sujets masculins suivent dans les troisième et quatrième rangées. Aucun sujet n’est prépondérant.

 

Maggs considère 64 portraits-études comme sa « première œuvre d’art sérieuse ». L’ensemble est présenté pour la première fois en 1978 à la Galerie David Mirvish de Toronto, dans le cadre de sa première exposition solo importante. Mettant en lumière une approche taxonomique inspirée par les variations de la physionomie humaine, cette œuvre marque le début des explorations du portrait à grande échelle menées par Maggs, et de l’arrangement en grille qui le caractérise.

 

La disposition alternée des vues de profil et des vues de face dans chacune des rangées montre les débuts d’une approche systémique de la création artistique. Cependant, Maggs réalise 64 portraits-études avant de développer une méthode de travail définie en partie par le nombre de poses sur le rouleau de pellicule. Ainsi, sa sélection finale d’images pour 64 portraits-études est plutôt faite à partir d’un nombre stupéfiant de 2 400 images possibles. Maggs cherche à obtenir un effet uniforme et à réunir des portraits individuels qui fonctionnent efficacement comme une seule entité. « Certaines personnes ne fonctionnaient pas du tout, explique-t-il; il y a des gens que j’ai fait revenir pour une autre séance. » Maggs a choisi de n’inclure que des images émotionnellement neutres, et son intérêt constant pour l’étude des proportions de la tête humaine a guidé ses choix.

 

Maggs ne se soucie pas d’exposer la personnalité de ses modèles, mais établit plutôt une méthodologie analytique pour 64 portraits-études en ayant pour objectif d’attirer l’attention sur la forme. « Plus que tout, explique-t-il, je voulais que les gens comparent toutes ces formes de tête merveilleuses et variées. » Ce travail est le prolongement photographique d’une fascination de longue date pour la forme de la tête humaine, explorée dans des dessins et illustrations du début de sa carrière – un intérêt qui semble également nourrir son approche dans plusieurs de ses projets de photographie éditoriale.

 

Prise dans son ensemble, l’installation 64 portraits-études exemplifie la taille monumentale caractéristique de la production de Maggs et témoigne de l’importance qu’il accorde à l’accrochage de ses photographies, notamment par la disposition en grille. Les dimensions finales de l’œuvre ont été définies en fonction de l’espace d’exposition de la Galerie David Mirvish. Il n’y avait « qu’un seul pan de mur continu et ininterrompu, de 28 pieds de long », écrit-il dans son carnet de notes; « J’ai décidé de n’utiliser que ce seul mur, et c’est ainsi que le nombre de tableaux, 64, a été déterminé. » La première exposition de Maggs révèle qu’il est conscient de l’impact de la relation entre l’œuvre d’art et l’espace.

 

Maggs développe ses observations photographiques de la physionomie humaine dans plusieurs œuvres postérieures à 64 portraits-études, dont Kunstakademie, 1980, une série de portraits d’étudiants de la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf.

 

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