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Collier la Voie lactée 1969

Collier la Voie lactée, 1969

Bill Reid, Milky Way Necklace (Collier la Voie lactée), 1969
Or 22 ct et 18 ct, diamants, 17 cm (diamètre intérieur)
collection Bill Reid de l’Université Simon Fraser, Vancouver

Pendant qu’il étudie à Londres en Angleterre en 1969, Bill Reid crée le Collier la Voie lactée, une remarquable pièce d’orfèvrerie moderniste fabriquée en or et incrustée de diamants. Bien qu’il ne semble présenter aucune connivence visuelle avec l’art haïda, le concept qui le sous-tend – la « compréhension de la logique haïda » par l’artiste – inscrit l’objet, différent sur le plan stylistique, dans une filiation avec le reste de son œuvre. Dans sa composition, la dualité – la capacité de deux entités à coexister dans le même espace, un puissant concept de l’art haïda – s’exprime par les thèmes du fil de fer et de la pyramide, chacun formant son propre collier tout en étant en dialogue avec l’autre. La couche pyramidale interne apparaît comme un fil de cristaux géométriques regroupés. Nichée en son cœur se trouve une broche amovible. La couche externe est un cadre triangulé de fils aériens qui enveloppe la structure inférieure. Ses joints nodaux sont parsemés de diamants miniatures, rappelant des constellations d’étoiles. De la même façon que le font les formes ovoïdes dans l’art haïda, les diamants attirent l’attention vers les joints où se logent les forces vitales. Caractéristiques des conceptions de cette nation, toutes les composantes du collier « s’agencent parfaitement pour fonctionner ».

 

Bill Reid, Horse Barnacle Necklace (Collier moraille de cheval), 1979, or blanc et argent sterling, 13 cm (diamètre), collection Bill Reid de l’Université Simon Fraser, Vancouver.

L’intérêt que Reid porte à la possibilité de « deux formes complémentaires occupant le même espace » l’incite à fabriquer le Collier la Voie lactée. L’orfèvre est intrigué de voir à quel point ses ancêtres haïdas sont habiles pour favoriser la coexistence de présences doubles dans un espace physique unique. Cette idée est la transformation, la capacité de modifier ou de changer l’apparence d’une entité en une autre – un humain en animal ou en être surnaturel – ou d’être les deux simultanément. Les masques sont souvent le moyen d’une telle expression. Ils sont une manière de voir, de communiquer et de définir les relations entre l’univers humain et celui qui se trouve au-delà des humains. À l’instar des masques de transformation qui intègrent de multiples représentations en un masque composé unique, le Collier la Voie lactée de Reid incarne cette idée fondamentale, d’origine.

 

Les récits haïdas offrent aussi une interprétation du Collier la Voie lactée. Comme Reid l’écrit dans The Raven Steals the Light, « [l]e corbeau échappe une bonne moitié de la lumière qu’il transportait. Celle-ci tombe sur le sol rocailleux en dessous et se casse en morceaux. […] Ils rebondissent dans le ciel et y demeurent encore aujourd’hui comme la lune et les étoiles qui glorifient la nuit ». Cette pièce, stimulée par ce récit, ainsi que d’autres œuvres modernes de l’artiste, comme Horse Barnacle Necklace (Collier moraille de cheval), 1979, peuvent être vues comme une incursion dans la pratique de l’orfèvrerie moderne, mais qui conserve tout de même une inspiration haïda.

 

Peu avant de créer le Collier la Voie lactée, Reid participe à l’Expo 67 à Montréal où deux avancées révolutionnaires dans le monde du design sont présentées : le dôme géodésique de Buckminster Fuller (1895-1983) et Habitat 67 de Moshe Safdie, un projet de logement imaginatif empilant des unités d’habitation préfabriquées en groupements cristallins. Compression, tension et inventivité structurelle dominent une grande partie du dialogue entre ces designers. Nul doute que l’esprit ouvert sur l’avenir qui marque cette époque a eu des répercussions sur Reid. Pendant que les humains s’aventurent à atterrir sur la lune, les créateurs sur terre contemplent les mystères de l’univers.

 

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