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Échafaudage blanc 1958

Échafaudage blanc, 1958

Sorel Etrog, White Scaffolding (Échafaudage blanc), 1958
Huile sur bois, 77,5 x 40,6 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Échafaudage blanc est un parfait exemple de la série des Painted Constructions (Constructions peintes) créées par Etrog de 1952 à 1960. L’œuvre est faite d’une surface verticale où sont assemblées des formes géométriques – rectangles, triangles, cercles – qui en composent la forme irrégulière. Une deuxième couche de lignes surélevées comporte un cercle qui fait saillie au centre de la composition de même qu’un motif qui ressemble à un échafaudage. Ces lignes agissent comme un fil conducteur et un motif récurrent dans l’œuvre, unissant les différentes formes dans un espace peu profond. Etrog a affirmé : « Je les ai dessinées d’un trait continu qui a créé la forme finale. » La dernière étape est l’ajout de la couleur : il a peint cette construction avec une palette de couleurs peu harmonieuse. Des zones de jaune, de brun et de noir contrastent avec la teinte bleue du cercle central. Ce processus en plusieurs phases mène à la création d’œuvres ayant une apparence caractéristique, permettant à Etrog de développer son premier « style emblématique ».

 

Sorel Etrog avec Ayala et Samuel J. Zacks lors de la première exposition solo canadienne d’Etrog à la Gallery Moos, Toronto, 1959
Sorel Etrog avec Ayala et Samuel J. Zacks lors de la première exposition solo canadienne d’Etrog à la Gallery Moos, Toronto, 1959, photographie d’Anthony Hayman.

Échafaudage blanc fait partie de ce qu’Etrog nomme sa série Scaffolding (Échafaudage). Sa composition en forme de grille fait référence au boom de la construction à Tel-Aviv suivant la création de l’État d’Israël en 1948. D’autres œuvres de cette période font également référence à la ville d’adoption d’Etrog, comme The Harbour I (Le port I), 1953, et plusieurs œuvres intitulées Port, 1953, par exemple, qui font allusion au port animé de la ville.

 

Etrog développe une attitude rebelle envers les conventions artistiques pendant qu’il étudie auprès du pionnier dada Marcel Janco (1895-1984) à l’Institut des beaux-arts pour la peinture et la sculpture de Tel-Aviv, connu aujourd’hui sous le nom d’Institut Avni, du nom de son fondateur, Aharon Avni. Etrog est alors exposé au travail d’artistes modernes qui intègrent l’abstraction dans leurs œuvres et aux mouvements de l’avant-garde européenne du début du vingtième siècle, tels que le cubisme et le constructivisme qui réclament une définition plus englobante de l’art. Il est surtout influencé par Paul Klee (1897-1940) de même que par Joan Miró (1893-1983) et Pablo Picasso (1881-1973). Pendant cette période, Etrog découvre également la musique moderniste de compositeurs tels que Béla Bartók (1881-1945) et Igor Stravinsky (1882-1971), dont les œuvres se caractérisent par le rejet de l’harmonie, du rythme et de l’équilibre. Etrog crée l’équivalent visuel de la musique moderniste en évitant l’harmonie et la symétrie dans ses œuvres. De plus, il manifeste son admiration par les titres de certaines œuvres de cette période, comme String Quartet [Bartók] (Quatuor à cordes [Bartók]), 1955.

 

Échafaudage blanc a une signification historique clé dans la carrière d’Etrog. Selon la légende, alors qu’Etrog tentait – sans succès – d’intéresser la célèbre marchande d’art new-yorkaise Rose Fried (1896-1970) à des œuvres qu’il avait apportées à sa galerie, dont Échafaudage blanc, l’homme d’affaires canadien et collectionneur d’œuvres d’art Sam J. Zacks (1904-1970) est entré par hasard dans la galerie et a acheté la pièce sur-le-champ pour deux cents dollars. Cette rencontre fortuite est le point de départ du soutien de Zacks envers l’art d’Etrog qui change sa vie et marque le début de l’ascension fulgurante de l’artiste vers la célébrité.

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