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Moïse 1963-1965

Moïse, 1963-1965

Sorel Etrog, Moses (Moïse), 1963-1965

3 exemplaires, bronze, 548,6 cm (hauteur)
Université de Lethbridge, Alberta

Moïse est une expression de l’identité juive d’Etrog et de son amour envers l’Italie et son art. Le sujet de la sculpture est Moïse, le prophète juif, et sa forme s’inspire de l’interprétation majestueuse du personnage biblique par Michel-Ange (1475-1564). La composition d’Etrog semble à première vue abstraite, mais un examen minutieux révèle qu’il s’agit d’un hommage au chef-d’œuvre du seizième siècle.

 

Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, dit Michel-Ange, Moïse, 1513-1515
Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, dit Michel-Ange, Moïse, 1513-1515, marbre de Carrare, 235 cm (hauteur), Basilique San Pietro in Vincoli, Rome, Italie.
Pavillon du Canada à Venise avec Moïse, 1963-1965 (premier plan), et Mère et enfant, 1960-1962 (arrière-plan)
Pavillon du Canada à Venise avec Moïse, 1963-1965 (premier plan), et Mère et enfant, 1960-1962 (arrière-plan), 1966, photographie de Giannina Frugoni.

L’œuvre s’élève sur un piédestal rectangulaire, avec une boule placée directement sur la base et une autre d’une taille semblable qui semble flotter au-dessus de la première, suspendue dans l’espace. De cette base apparemment instable, un long élément vertical, comportant deux étroits rectangles parallèles, serpente pour ensuite s’élever. Dans la partie supérieure de la sculpture, des formes géométriques remplacent les formes biomorphiques arrondies plus fluides des premières œuvres d’Etrog; un grand triangle constitue l’élément central à partir duquel d’autres formes se projettent dans différentes directions, dont deux qui pointent directement vers l’avant et deux qui courbent vers le haut à partir des côtés.

 

Les deux formes saillantes vers l’avant font référence aux Tables de la loi que Moïse tient sous son bras droit dans le chef-d’œuvre de Michel-Ange alors que les formes pointues symétriques qui émergent des coins supérieurs rappellent les cornes qui couronnent la tête de Moïse dans l’œuvre de la Renaissance. Même les deux rubans entortillés qui se terminent dans les sphères au bas de la sculpture d’Etrog font référence à la barbe élaborée que le Moïse de Michel-Ange tortille entre ses doigts. La sculpture témoigne du lien profond qu’entretient Etrog avec l’histoire de l’art et de la connaissance qu’il en a, transmis par son recours au langage moderniste de l’abstraction.

 

Moïse est la première sculpture monumentale d’Etrog. Elle mesure près de cinq mètres en hauteur, soit deux mètres de plus que sa plus grande sculpture précédente, Mother and Child (Mère et enfant), 1962-1964. L’histoire de Moïse témoigne de son importance dans l’œuvre de l’artiste : la pièce est coulée pour la première fois en 1964 et est achetée par le Los Angeles County Museum. Un autre exemplaire de l’œuvre est spécialement réalisé en 1966 pour le pavillon du Canada à la Biennale de Venise – le plâtre est expédié de Toronto pour être moulé en Italie pour l’exposition. L’œuvre est placée à côté de Mère et enfant, 1962-1964, à l’extérieur du pavillon. Ce plâtre est ensuite expédié à Montréal, où il est présenté à Expo 67, l’exposition internationale visitée par plus de cinquante millions de visiteurs pendant les six mois de son déroulement. Une photo de l’artiste posant fièrement à côté de Moïse montre que la sculpture est placée bien en évidence devant la légendaire Biosphère de Buckminster Fuller (1895-1983).

 

 

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