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Le dos au monde 1997

Le dos au monde

Agnes Martin, With My Back to the World (Le dos au monde), 1997

Peinture polymère synthétique sur toile

six panneaux mesurant chacun 152,4 x 152,4 cm

Collection de la famille Ovitz, Los Angeles;

promesse de don partielle au Museum of Modern Art, New York

© Agnes Martin / SOCAN (2019)
 

L’état d’esprit de Martin durant les dernières décennies de sa vie peut se résumer par le titre d’une séquence de tableaux peints en 1997 : Le dos au monde. Comme The Islands I-XII (Les îles I-XII), Le dos au monde est une œuvre polyptyque regroupant six toiles distinctes mais reliées qui demandent à être exposées comme un tout. 

 

Agnes Martin, Gratitude, 2001, acrylique et graphite sur toile, 152,4 x 152,4 cm, collection de la famille Glimcher, New York. © Agnes Martin / SOCAN (2019).

La première de la séquence compte huit bandes horizontales qui déclinent deux schémas de couleurs identiques — bleu clair, jaune, orange et bleu clair — séparés par une ligne centrale tracée au graphite. La deuxième toile présente en alternance quatre larges bandes jaune clair et cinq bandes bleu clair. Dans les quatre derniers tableaux, Martin poursuit avec une alternance de rouges, de jaunes et de bleus blanchis par le soleil, en variant l’ordre, la largeur et l’opacité des bandes pour plus d’effet. La palette est proche de celle de ses œuvres exposées en 1975 à la Pace Gallery. Les toiles sont désormais moins grandes; l’artiste a réduit leur format de six à cinq pieds après son déménagement à Plaza de Retiro, une résidence pour personnes âgées de Taos, à l’âge de 80 ans. Cette taille réduite lui permet de les manier plus aisément maintenant que ses forces déclinent.

 

Les tableaux de Martin des années 1970 et 1980 sont pour la plupart sans titre; les rares exceptions font référence à des objets physiques ou à des lieux naturels. À partir de l’œuvre Le dos au monde et d’autres du milieu des années 1990, Martin se met à nommer ses pièces d’après des états émotifs, au lieu de désigner les formes naturelles qui suscitent ces états. Ce faisant, elle manifeste son désir d’aborder dans sa pratique les expériences intangibles de la vie. Lorsque Martin peint Le dos au monde, elle compte parmi les artistes vivants les plus célébrés par la critique et les plus prolifiques sur le marché de l’art. Pourtant, si l’on compare les photographies de son domicile à la Plaza de Retiro et celles de son atelier rue Ledoux à Taos, où elle a vécu sans le sou dans les années 1950, on prend la mesure de son engagement de toute une vie envers l’austérité et l’antimatérialisme qu’évoque le titre de cette œuvre.

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