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Les îles I-XII 1979

Les îles I-XII

Agnes Martin, The Islands I-XII (Les îles I-XII), 1979
Acrylique et graphite sur toile, douze panneaux mesurant chacun 182,9 x 182,9 cm
Whitney Museum of American Art, New York

© Agnes Martin / SOCAN (2019)
 

En 1977, Martin a loué une propriété à Galisteo, au Nouveau-Mexique, où elle a vécu plusieurs années dans sa caravane Airstream enchâssée dans une structure de briques d’adobe. Avant même de bâtir sa maison, Martin s’est attelée à la construction d’un atelier encore plus grand que celui de Portales (qui mesurait 35 pieds sur 35), et l’a terminé en 1979 avec l’aide de gens de métier des environs. C’est là que Martin a entrepris son œuvre la plus ambitieuse à ce jour, Les îles I-XII, une série de douze tableaux qui compte parmi les quatre polyptyques qu’elle a créés au cours de sa carrière.

 

 

Entrée menant à l’atelier et à la maison de Martin à Galisteo, Nouveau-Mexique, 1992, photographie de Mary Ellen Mark.

Même si elle contient douze toiles, Les îles I-XII est une œuvre unitaire : elle est toujours exposée comme un tout, en suivant la même séquence. Un examen attentif de la série, à première vue peu différenciée, révèle un jeu complexe d’idées et de motifs récurrents. Chaque toile présente quatre à douze larges bandes blanches ou blanc cassé qui sont divisées soit par des lignes au graphite, soit par de minces rayures. Ainsi, la première toile compte cinq bandes blanches entrecoupées de quatre bandes minces peintes en blanc cassé. La seconde compte en alternance trois bandes blanc cassé et deux bandes blanches délimitées par une ligne horizontale au graphite; les bandes blanc cassé sont divisées par des traits au crayon, tandis que les barres blanches ne le sont pas. Les variations se poursuivent ainsi de toile en toile jusqu’à la fin de la pièce. 

 

L’organisation des douze tableaux rappelle la structure de la musique classique, qui part d’un thème et l’explore à travers ses variations. Le résultat, comme pour la musique, est davantage qu’un exercice intellectuel conjuguant l’équilibre, la tonalité et l’échelle; c’est une rencontre véritablement expérientielle, qui se déroule dans le temps. Tandis que le regard du spectateur parcourt les panneaux de gauche à droite, des tensions et relâchements se succèdent, des idées se développent et trouvent leur résolution au fil des toiles. Martin a souvent fait l’analogie entre ses peintures et la musique, comme l’illustre la remarque suivante : « Les gens ne sont pas conscients de leurs émotions abstraites, qui sont un élément important de leur vie, sauf lorsqu’ils écoutent de la musique ou regardent des œuvres d’art. »

 

D’abord exposée au Museum of Fine Arts de Santa Fe en 1979, la série a ensuite été présentée dans sept musées des États-Unis avant d’être montrée pour la première fois en sol canadien au Glenbow Museum de Calgary, à la Mendel Art Gallery de Saskatoon (aujourd’hui le Remai Modern) et au Centre des arts Saidye Bronfman de Montréal. Le Whitney Museum of American Art a acheté Les îles I-XII à peu près en même temps que s’y est tenue la rétrospective des œuvres de Martin en 1992.

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