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Structure intérieure 1956

Structure intérieure, 1956

Kazuo Nakamura, Inner Structure (Structure intérieure), 1956
Huile sur panneau, 60,8 x 78,8 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Structure intérieure présente un motif apparemment chaotique de lignes dans un champ bleu nébuleux. L’œuvre fait partie d’un ensemble de pièces, connues sous le nom de série Inner Structure (Structure intérieure), qui sont de composition et de couleurs similaires, bien qu’à l’occasion, Kazuo Nakamura peigne ces lignes sur un fond orange et jaune, comme dans Inner Movement (Mouvement intérieur), 1954. Ces œuvres distillent l’essence de ce qui est suggéré dans des compositions comme Autumn (Automne), v.1950, Morning Mist (Brume du matin), 1951, et Hillside (Coteau), 1954 – la structure interne de la nature – que Nakamura explore en suivant une progression stylistique naturelle de la figuration à l’abstraction. Structure intérieure représente donc une sorte d’aboutissement, ou du moins un reflet de ses recherches jusque-là.

 

Kawabata Gyokushō, Traveling by Moonlight (Voyage au clair de lune), v.1900, feuillet d’album, encre et couleur sur soie, 36,8 x 27,9 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
Claude Monet, La cathédrale de Rouen, le portail et la tour d’Albane à l’aube, 1894, huile sur toile, 106,1 x 73,9 cm, Museum of Fine Arts, Boston.

Le tableau exprime l’intérêt qu’a Nakamura pour la fondation structurelle de l’univers en mouvement, comme en témoigne une de ses remarques en 1993 : « nous vivons à une époque où nous pouvons voir une structure, une structure basée sur la structure atomique et le mouvement. » Que le mouvement constitue une composante de ces œuvres est explicite dans le titre de Mouvement intérieur. Ici, l’abstraction permet à Nakamura de masquer les éléments de surface pour tenter de capter, dessous, les atomes en mouvement.

 

Le flou envoûtant des couleurs et des lignes dans Structure intérieure rappelle notamment les effets atmosphériques de la série des Cathédrales de Rouen – un ensemble de tableaux de Claude Monet (1840-1926) qui représentent principalement la façade de la cathédrale Notre-Dame-de-Rouen – ou encore les paysages de peintres japonais comme Kawabata Gyokushō (1842-1913). Bryce Kanbara note que Nakamura « a conservé des coupures de presse pliées de photos de tableaux impressionnistes français représentant la cathédrale Notre-Dame et de peintures de paysages japonais du vingtième siècle. » La brume des façades de Monet et les paysages de Gyokushō témoignent du passage du temps et des effets de la lumière sur le monde visible, tout comme sont également temporels les efforts de Nakamura pour saisir des atomes en mouvement.

 

Structure intérieure témoigne encore de la forte influence de Piet Mondrian (1872-1944). Sa toile Composition de lignes et couleur : II, 1913, présente un motif linéaire dont la structure est plus resserrée que celle de Nakamura. L’artiste néerlandais finit par aspirer à un degré supérieur de clarté et de simplicité géométriques, qui, selon Nakamura, n’est plus une réalité à l’ère atomique.

 

Les toiles de la série String (Ficelle), qui suivent celles de Structure intérieure, marquent un autre écart stylistique, mais dans une certaine mesure, elles sont reliées et représentent une étape supplémentaire dans la quête de Nakamura pour révéler l’essence de la structure de notre univers visible. En 1961, il compose une dernière peinture de la série Structure intérieure, fusionnant le champ blanc cassé des tableaux de Ficelle avec une structure linéaire, bien que plus compacte, poursuivant ainsi le dialogue continu entre ses différentes manières.

 

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