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Le triomphe de Miss Chief 2007

Le triomphe de Miss Chief, 2007

Kent Monkman, The Triumph of Mischief (Le triomphe de Miss Chief), 2007
Acrylique sur toile, 213 x 335 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Gustave Doré, Le triomphe du christianisme sur le paganisme, 1868, huile sur toile, 300 x 200 cm, Art Gallery of Hamilton.

Le Triomphe de Miss Chief, œuvre phare de Monkman, exprime une critique de la colonisation, qui se déploie sur plusieurs fronts. L’alter ego de Kent Monkman, Miss Chief Eagle Testickle, ne porte qu’une paire d’escarpins et un châle rose drapé autour de son bras, qui flotte derrière sa silhouette alors qu’elle se promène au centre d’une scène sauvage, riche en détails chargés d’homoérotisme, de violence et de débauche. Une foule d’Autochtones, de trappeurs et d’explorateurs entoure Miss Chief. Apparaissent notamment les explorateurs de la fin du dix-huitième siècle Meriwether Lewis et William Clark (représentés aux prises avec un ours tout à gauche de la composition, la figure de Sacagawea se trouvant juste derrière eux); les artistes Pablo Picasso (1881-1973) (qu’on aperçoit revêtu d’un haut à rayures, à droite de Miss Chief, et entouré d’hommes noirs dont les poses rappellent Les demoiselles d’Avignon, 1907), George Catlin (1796-1872) et Paul Kane (1810-1871) (tous deux à l’extrême droite, portant du daim). De même, on remarque certains personnages issus des cultures et des prophéties autochtones, dont le bison blanc, métamorphe ayant enseigné sept cérémonies sacrées au peuple lakota.

 

Dans la prairie au premier plan ont lieu diverses transgressions de nature culturelle, sexuelle et sociale. L’œuvre constitue à la fois une réponse à Dance to the Berdash (Danse au Berdache), 1835-1837, de Catlin – que Monkman a pu voir à la Smithsonian Institution, à Washington, en 2004 –, et une allusion au chef-d’œuvre de Gustave Doré (1832-1883), Le triomphe du christianisme sur le paganisme, 1868. Par un renversement ludique et sexuellement chargé, Miss Chief fait sienne la position centrale du Christ de l’œuvre de Doré et évoque les peintures emblématiques du dix-neuvième siècle consacrées à la frontière occidentale.

 

L’omniprésence de la sexualité dans les œuvres de Monkman vise à déconstruire le système de pouvoir et de connaissance propre à la colonisation. Par l’humour camp et la comédie, Monkman entraîne le public dans une scène qui bouleverse les notions préconçues des relations historiques et contemporaines entre colons et Autochtones. L’œuvre nous force à envisager l’histoire différemment, indépendamment du récit dominant nord-américain.

 

Le Triomphe de Miss Chief, pièce centrale de la première exposition solo itinérante nationale de Monkman, inaugurée à la Art Gallery of Hamilton en 2007, a été acquise par le Musée des beaux-arts du Canada l’année suivante, où elle figure maintenant parmi la collection permanente.

 

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