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L’arbre 1964

L’arbre

Agnes Martin, The Tree (L’arbre), 1964
Huile et crayon sur toile, 182,9 x 182,9 cm
Museum of Modern Art, New York

© Agnes Martin / SOCAN (2019)

L’arbre est l’un des exemples les plus connus des grilles de la période mature de Martin, conçues à partir du milieu des années 1960. Bien que cette grille ne soit pas la première, elle est souvent associée à l’émergence du style emblématique de l’artiste, en raison de cette déclaration : « La première fois que j’ai fait une grille, il se trouve que je pensais à l’innocence des arbres […] et puis cette grille m’est venue à l’esprit et j’ai trouvé qu’elle représentait l’innocence, et je le crois toujours, alors je l’ai peinte et j’en ai été satisfaite. »

 

Vue d’installation de l’exposition 10 à la Dwan Gallery, Los Angeles, du 2 au 29 mai 1967. Au premier plan : Sol LeWitt, Series B #8 (Série B no 8), 1967, émail au four sur aluminium, 522,5 x 522,5 x 522,5 cm. Sur le mur du fond : Agnes Martin, Leaf in the Wind (Feuille au vent), 1963, acrylique et graphite sur toile, 190,5 x 190,5 x 2,2 cm, maintenant dans la collection du Norton Simon Museum, Pasadena, Californie; et Dan Flavin, Untitled (Sans titre), 1966, sculpture néon, 22,9 x 243,8 x 177,8 cm.

Des centaines de lignes tracées au graphite, à main levée, viennent quadriller horizontalement et verticalement le canevas peint en blanc cassé, créant une multitude de petits rectangles verticaux. Sur la moitié des rectangles, l’artiste a dessiné au graphite quatre verticales supplémentaires qui se répètent pour former de longues rangées traversant le tableau à l’horizontal, créant l’effet d’une alternance de vingt-quatre bandes tantôt blanc cassé, tantôt grises. En ce qui concerne le titre de l’œuvre, L’arbre, il reflète la propension qu’a Martin dans les années 1960 à nommer ses toiles d’après des objets. Si le titre renvoie à un objet spécifique, il est impossible de déceler dans l’œuvre le moindre lien avec un arbre, ou toute représentation de celui-ci. D’autres toiles de cette époque portant des titres analogues, par exemple The Beach (La plage), 1964, ou Orange Grove (Orangeraie), 1965, démentent également tout lien manifeste avec leur titre. Dans ses peintures, Martin n’essaie pas de représenter un arbre, une plage, une orangeraie en tant qu’objets ou lieux physiques; elle cherche plutôt à capter le sentiment de ces objets. 

 

La participation de Martin à l’exposition 10 tenue à la Dwan Gallery de Los Angeles en 1967 a contribué à ce que ses tableaux de grilles soient parfois associés au courant artistique du minimalisme. Les artistes minimalistes créent des œuvres se caractérisant par des formes simples, une utilisation créative de la couleur et un manque d’expression délibéré qui souligne la matérialité de l’art. Bien que par leur aspect, les tableaux de Martin ressemblent aux œuvres de Sol LeWitt (1928-2007), les différences sont notables : LeWitt a créé des grilles tridimensionnelles et s’est intéressé au matérialisme et à l’intellectualisme, à l’instar des autres représentants de ce mouvement; au contraire, Martin a surtout voulu représenter des émotions abstraites. Le Museum of Modern Art s’est porté acquéreur de L’arbre en 1965; c’est le premier tableau de Martin à avoir été acheté par un grand musée new-yorkais.

 

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