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Mini-bestiaire no 31 v.1971

Alfred Pellan, Mini-bestiaire no 31, v.1971

Alfred Pellan, Mini-bestiaire no 31, v.1971
Pierre et bois peints, 6,8 x 9 x 5,7 cm
Musée national des beaux-arts du Québec, Québec

Le Mini-bestiaire est une collection de galets, essentiellement conçue entre 1971 et 1975, sur lesquels Alfred Pellan a peint des visages en des couleurs vives et ajouté des pattes de bois, inventant ainsi des créatures semblables à des insectes. La plupart sont décorées de motifs de points et de rayures qui attirent le regard; elles affichent une expression franche, lumineuse et curieuse, voire souriante par moments. Plusieurs des bêtes fantastiques tirées des peintures, croquis et illustrations de Pellan provoquent un sentiment de malaise, de détresse, ou d’angoisse – dans Bestiaire no 3, 1974, par exemple, les êtres cauchemardesques dévorent des corps humains sans défense, dont les visages muets communiquent la douleur. En comparaison, les bestioles comiques du Mini-bestiaire révèlent le caractère enjoué de l’artiste.

 

Pellan étant fasciné par le surréalisme, nombre de ses projets reflètent ses tentatives de donner aux philosophies du mouvement une forme qui corresponde à ses propres idées sur l’amour, l’érotisme, la liberté et l’art. Les sculptures du Mini-bestiaire constituent une évolution importante dans ce projet. Pellan a déjà exploré les impressions haptiques dans la série Jardin, 1958; cependant, les créatures étranges et les animaux légendaires qui peuplent son œuvre prennent une forme réelle et envahissent maintenant le monde matériel.

 

Cette matérialisation permet au public d’interagir concrètement avec l’œuvre de Pellan, de la toucher et de la sentir. La barrière dimensionnelle entre l’œuvre et la personne qui l’observe est franchie, permettant un nouvel accès aux pensées et aux expériences de l’artiste. En fait, la manipulation de ces curieux objets-animaux nous transporte par l’imagination là d’où ils proviennent : des formations rocheuses colorées de la Gaspésie, au Québec.

 

En 1944, Pellan se rend dans le village de Percé où son ami André Breton (1896-1966), poète visionnaire et l’un des pères du mouvement surréaliste, s’est brièvement installé pour finir la rédaction de son livre Arcane 17 (1944). Breton compare à une « symphonie » le paysage rocheux dans lequel on retrouve les agates en abondance. En proie à une « agatomanie », Breton part à la recherche de ces petits cailloux colorés pendant des heures – des expéditions auxquelles Pellan se joint avec enthousiasme. Dans le souvenir de Breton, « [Pellan] est venu ici, en 1944, et nous nous sommes retrouvés à Percé. Nous avions tous deux la passion des agates et nous partions à leur recherche sur les plages de l’Anse-à-Beaufils, et ailleurs ». Les deux hommes parlent d’art et se promènent ensemble pour ramasser des pierres, des coquillages et d’autres objets naturels. Près de trente ans plus tard, ces petites pierres nourriront l’imagination de Pellan, qui voit dans leurs formes respectives les animaux les plus étranges et les plus fantaisistes.

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