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La haute couture en spectacle no 1 2014

La haute couture en spectacle, 2014

Suzy Lake, Performing Haute Couture #1 (La haute couture en spectacle no 1), 2014
Épreuve chromogène, cadre noir et vitre musée, 167,6 x 127 cm

Georgia Scherman Projects, Toronto

Suzy Lake, Choreographed Portrait #2 (Portrait chorégraphié no 2), 1976, épreuve à la gélatine argentique sur papier baryté avec sérigraphie, 50,8 x 40,6 cm, Georgia Scherman Projects, Toronto.

Réalisée à l’occasion de l’exposition rétrospective de Lake intitulée Introducing Suzy Lake (À la découverte de Suzy Lake) tenue au Musée des beaux-arts de l’Ontario en 2014, les images de La haute couture en spectacle montrent Lake qui regarde la caméra avec assurance, vêtue d’un costume gris Rei Kawakubo du défilé Comme des Garçons de l’automne-hiver 2013-2014, debout devant un fond noir et posée sur un sol gris similaire au costume. Lake se tient droite, son corps, ses jambes, sa tête et son bras gauche paraissant immobiles et nets, tandis que le flou et la multiplication de son bras droit suggèrent un mouvement. Poursuivant son jeu avec la représentation photographique du mouvement créant un flou perceptuel, Lake semble lever et baisser son bras droit, les bords de sa main et de ses doigts paraissant les plus nets lorsque sa main atteint son point le plus élevé et lorsqu’elle est au repos, le long de son corps. Choisissant une tenue dotée d’un élément architectural, l’artiste a décrit le nœud du manteau, là où son coude se plie sur l’une des photographies, comme l’évocation d’un « mouvement de cantilever. » Pour obtenir le style commercial qu’elle souhaite pour les images, Lake collabore avec le photographe de mode Miguel Jacob, mais les décisions relatives à l’esthétique de l’œuvre et au mouvement sont les siennes.

 

Ces épreuves marquent en quelque sorte le début et la fin de l’œuvre révolutionnaire, On Stage (Sur scène), 1972-1974. Cependant, lorsqu’elle sont prises ensemble, les deux œuvres tracent la trajectoire de la maturation de l’artiste au cours de quatre décennies, montrant Lake à bien des égards plus forte, plus équilibrée et plus sûre d’elle dans les séries plus récentes, comme en témoigne sa confrontation directe avec la caméra, un aspect significatif de nombre de ses autoportraits des dernières années, y compris l’expérimentation de la performance et de la durée minimales, comme dans Reduced Performing (Performance réduite), 2008-2011, et Extended Breathing (Profonde respiration), 2008-2014. Le format et la rareté des photographies, associées au flou, évoquent également la série antérieure de Lake intitulée Choreographed Portraits (Portraits chorégraphiés), 1976, où une jeune Lake, vêtue d’un léotard blanc ou d’un léotard et d’un pantalon court et ample, se tient contre un fond noir. Son mouvement est, ici encore, documenté de façon spectrale par le flou introduit par la caméra, une combinaison de photographie et de sérigraphie qui suscite l’effacement de la représentation de Lake sur la surface de l’image et un sentiment d’absence de lieu rappelant les photographies de La haute couture en spectacle.

 

Les œuvres peuvent s’interpréter comme une allusion plaisante au titre de l’exposition dans laquelle elles apparaissent pour la première fois, « faisant découvrir » simultanément Lake, qui, active depuis la fin des années 1960, ne reçoit son dû que quarante ans plus tard; ces images signalent, en fait, que Lake est enfin arrivée.

 

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