Changer le discours au XXIe siècle

En 2020, l’Institut de l’art canadien s’est fixé l’objectif d’écrire une histoire de l’art plus inclusive en célébrant les contributions à l’art canadien d’artistes négligé·es en raison de leur genre, de leur origine ou de leur culture. Guidé par un groupe extraordinaire de spécialistes des milieux universitaires et muséaux, l’IAC a créé le programme de bourses de recherche Redéfinir l’histoire de l’art canadien afin de reconnaître le travail des personnes effectuant des recherches pionnières sur des artistes qui, jusqu’à présent, n’ont pas eu leur place dans l’histoire de l’art. Voici la deuxième cohorte du programme ainsi qu’une introduction à son important travail.

La boursière de l’IAC pour 2023-2024 Roopa Kanal | Projet de recherche : L’art et la carrière de Sarindar Dhaliwal

Gauche : Roopa Kanal. Droite : Sarindar Dhaliwal, Triple Self Portrait with Persimmon and Pomegranates (Triple autoportrait avec kaki et grenades), 1988, techniques mixtes sur papier, 101,7 x 152,5 cm. Avec l’aimable autorisation de Sarindar Dhaliwal.

 

Depuis les années 1980, l’artiste Sarindar Dhaliwal (née en 1953), établie à Toronto, ouvre la voie à la représentation des histoires des diasporas sud-asiatiques dans sa pratique multimédia, en explorant la mémoire intergénérationnelle et l’héritage du colonialisme. Bien qu’elle ait beaucoup exposé, Dhaliwal a été confrontée à l’incompréhension et à la marginalisation en raison de ses origines culturelles. Née au Punjab, en Inde, et élevée en Angleterre avant d’immigrer au Canada en 1968, Dhaliwal fonde sa pratique sur des expériences personnelles. Des œuvres telles que Triple Self Portrait with Persimmon and Pomegranates (Triple autoportrait avec kaki et grenades), 1988, superposent des images interculturelles pour exprimer les complexités du développement d’un sens du soi en relation au lieu. Dans le cadre de sa recherche, Roopa Kanal examinera comment les œuvres de Dhaliwal abordent la migration – une expérience dissonante qui a eu un impact sur les communautés autochtones et de colons – en tant que lentille d’interprétation plus large des réalités sociales, culturelles et contextuelles qui influencent la construction de l’art canadien. Kanal a plus de dix ans d’expérience dans l’élaboration de programmes et de politiques ainsi qu’en recherche dans le domaine de l’art sud-asiatique. Elle est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université de Victoria.

 

Contacter Roopa : rkanal@aci-iac.ca.

 

La boursière de l’IAC pour 2023-2024 Jennifer Orpana | Projet de recherche : La vie et l’œuvre de Violet Keene Perinchief

Gauche : Jennifer Orpana. Droite : Violet Keene Perinchief, A Modern Miss (Une demoiselle moderne), v.1940, photographie. Succession Violet Keene Perinchief. Avec l’aimable autorisation de la Stephen Bulger Gallery, Toronto.

 

Les contributions culturelles de la photographe canadienne d’origine anglaise Violet Keene Perinchief (1893-1987) n’ont pas été largement étudiées, sauf en relation avec le travail de sa mère, la célèbre photographe Minna Keene (1861-1943). Photographe portraitiste accomplie, Violet Keene a dirigé deux studios torontois très actifs dans les années 1930 et 1940, à une époque où les femmes faisaient rarement carrière en tant qu’artistes professionnelles. Ses portraits représentent un large éventail de sujets, notamment des familles, des débutantes, des mariées et des personnages historiques importants tels que l’aviatrice Amelia Earhart et l’écrivain Aldous Huxley. Jennifer Orpana explorera le rôle formidable joué par l’artiste dans l’histoire de la photographie à Toronto en examinant le vaste portfolio de Keene et en étudiant la manière dont son travail reflète les diverses idées sur la féminité qui se sont manifestées, en privé et en public, pendant l’entre-deux-guerres. Les recherches d’Orpana porteront sur ce que les images de Keene – et sa carrière – peuvent révéler sur les rôles changeants et nuancés des femmes en tant que consommatrices, professionnelles, sujets photographiques et artistes dans le Canada de l’époque. Docteure en histoire de l’art, historienne de la photographie et conférencière, Orpana a enseigné à l’Université métropolitaine de Toronto, à l’Université de Toronto, à l’Université OCAD, à l’Université Western et à l’Université Brock.

 

Contacter Jennifer : jorpana@aci-iac.ca.

 

Le boursier de l’IAC pour 2023-2024 Christopher Smith | Projet de recherche : Le maître sculpteur tsimshian Samuel Elwitt

Gauche : Christopher Smith. Droite : Samuel Elwitt, Model Totem Pole (Modèle de mât totémique), v.1900-1910, bois, peinture, 35,7 x 8 x 8,7 cm. Collection Tom et Frances Richardson, Musée d’anthropologie de l’Université de la Colombie-Britannique, Vancouver (Nb9.63). Mention de source : Rebecca Pasch.

 

En 2018, le chercheur et écrivain Christopher Smith, ayant grandi en Alaska et maintenant à Vancouver, a identifié plusieurs modèles de totems non attribués en utilisant le Reciprocal Research Network, une base de données numérique qui permet la recherche simultanée d’objets culturels de la côte du Nord-Ouest dans les musées d’Amérique du Nord. Smith a pu attribuer les œuvres à Samuel Elwitt (v.1834-1919), un maître sculpteur handicapé et prolifique de la Première Nation Kitselas qui créait des objets destinés à être vendus à des collectionneurs ou utilisés par les communautés vivant le long de la rivière Skeena, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Qu’il s’agisse de mâts monumentaux ou de cuillères sculptées, les œuvres d’Elwitt étaient estimées tant par les peuples autochtones que par les colons collectionneurs. Pourtant, elles ont été largement mal identifiées, bien qu’acquises par un certain nombre d’institutions de premier plan. La recherche de Smith vise à démêler la discrimination intersectionnelle historique et les pratiques inégales de catalogage des musées afin d’affirmer l’importance historique d’Elwitt et de restituer la connaissance de son œuvre à sa communauté. Christopher Smith est un anthropologue socioculturel et muséal qui se concentre sur la culture matérielle des Autochtones de l’Alaska et de la côte du Nord-Ouest. Candidat au doctorat à l’Université de la Colombie-Britannique, il étudie la vie et l’œuvre de Samuel Elwitt depuis 2008.

 

Contacter Christopher : csmith@aci-iac.ca.

 

La boursière de l’IAC pour 2023-2024, Tamara Toledo | Projet de recherche : Les femmes artistes latino-américaines au Canada : corps de résistance

Gauche : Tamara Toledo. Droite : Helena Martin Franco, Altero(s)Filia o los Juegos de Fuerza de Fritta Caro, Meter el Hombro (Altéro(s)philie ou les jeux de force de Fritta Caro, mettre l’épaule), 2018, documentation de la performance. Avec l’aimable autorisation d’Helena Martin Franco.

 

Au Canada, les artistes de la diaspora latino-américaine, aux prises avec un récit de colonisation essentiellement blanc, ont eu du mal à être considéré·es dans le discours artistique dominant, en particulier lorsque leurs pratiques artistiques sont perçues comme radicales ou résistantes. Selon Tamara Toledo, une universitaire et commissaire née au Chili et établie à Toronto, ce manque de représentation expose le mythe du multiculturalisme; les œuvres de ces artistes n’ont pas été partagées, recueillies, théorisées ou archivées, bien qu’elles soient dignes d’attention. Le projet de Toledo retrace les pratiques de trois artistes contemporaines latino-américaines issues des diasporas colombienne et mexicaine : Claudia Bernal, Maria Ezcurra et Helena Martin Franco. Toutes trois s’appuient sur la présence et l’absence du corps féminin dans leurs installations et leurs performances pour critiquer les facteurs qui déterminent l’inclusion dans un canon historiquement exclusif. Dans le cadre de ses recherches, Toledo examinera l’impact transformateur généré par les artistes latino-américains sur les milieux artistiques contemporains au Canada. Toledo est directrice et conservatrice de la Sur Gallery, la première galerie torontoise consacrée aux pratiques artistiques diasporiques et latino-américaines. Elle est également cofondatrice de l’organisation à but non lucratif Latin American Canadian Art Projects, en plus d’être candidate au doctorat en histoire de l’art et culture visuelle à l’Université York.

 

Contacter Tamara : ttoledo@aci-iac.ca.

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